La fonte des quelque 4.000 glaciers alpins s'accélère de manière vertigineuse. Des glaciologues suisses de l'ETH Zurich estiment dans une étude publiée mardi que si les émissions de CO2 continuent à ce rythme, les Alpes seraient privées de 90% de leur couche de glace à la fin du siècle. Et même si la pollution de l'air est limitée à partir de maintenant, ses effets continueront de s'appliquer.
Des glaciers déjà condamnés
L'équipe de chercheurs suisses a utilisé des modèles climatiques couplées à des mesures des glaciers pour estimer leur évolution selon divers scénarios de réchauffement. Si les émissions atteignent un plafond d'ici quelques années avant de rapidement diminuer jusqu'à 2100, seulement un tiers du volume de ces glaciers survivrait. Car quels que soient les efforts et même si les réductions de gaz à effets de serre consenties dans l'accord de Paris sont respectées, une grande partie de glaciers alpins semble condamnée.
>> À LIRE AUSSI - Climat : les glaciers alpins fondent trois fois plus vite depuis 2003
"Avec des scénarios très optimistes, si on a arrête le réchauffement climatique aujourd'hui, les glaces continueront à se retirer", explique le glaciologue Matthias Huss qui a conduit cette étude, au micro d'Europe 1 mercredi. "Donc une grande partie des glaciers est déjà perdue."
S'il fait cet état des lieux, c'est parce que les glaciers réagissent lentement aux évolutions climatiques. Les changements qu'ils subissent aujourd'hui sont dus aux bouleversements des dernières décennies. Donc si la situation se fige aujourd'hui, les glaciers alpins retrouveront leur équilibre dans seulement 50 ans.
>> De 5h à 7h, c’est "Debout les copains" avec Matthieu Noël sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici
Des réserves d'eau en péril
Derrière cette fonte des glaces, il y a également un enjeu de réserve d'eau. "Un glacier est un réservoir. Un glacier en bonne santé fond en été et grossit en hiver. Cela veut dire qu'aux périodes où les gens ont le plus besoin d'eau, ils l'obtiennent du glacier", souligne à l'AFP Harry Zekollari, de l'Université de technologie de Delft, aux Pays-Bas.
"Si les glaciers disparaissent, vous perdez ces réservoirs. Dans les Alpes, c'est peut-être supportable, mais dans les Andes ou l'Himalaya, des milliards de personnes ont vraiment besoin de cette eau", poursuit-il, notant également les risques d'inondations, de glissements de terrain et l'impact sur le tourisme. Les glaciers des Alpes contiennent environ 100 km3 de glace, soit l'équivalent de 400 millions de piscines olympiques.
Un phénomène mondial
Mais ils ne sont pas les seuls à fondre. Une autre étude publiée lundi dans le magazine britannique "Nature" estime que la fonte des glaciers dans le monde entier s'est accélérée ces trois dernières décennies. Les glaciers ont perdu 9.000 milliards de tonnes de glace entre 1991 et 2016, entraînant une élévation de 2,7 cm du niveau de la mer, selon l'Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture) qui a participé à l'étude. Les glaciers ayant le plus contribué à cette augmentation sont ceux de l'Alaska, puis ceux de Patagonie et des régions arctiques. Ceux des Alpes, plus petits, n'ont joué qu'un rôle "mineur".