La grogne monte dans les beaux quartiers de Paris. L'installation d'un centre d'hébergement d'urgence pour sans abris dans le 16ème arrondissement de la capitale soulève en effet une fronde chez les riverains. Ce centre, qui doit ouvrir ses portes d'ici à l'été, accueillera pendant trois ans des sans-abris orientés par le Samu social.
Une réunion pour expliquer le projet. Le projet, porté par l'Etat et la Ville de Paris, a déjà été voté au Conseil de Paris, en décembre, mais les opposants ont déposé un recours devant le tribunal administratif et la Ville. La Préfecture et l'association chargée de gérer le centre organisent lundi soir, à 19 heures, une réunion d'information à l'Université Paris-Dauphine, mais l'ambiance s'annonce tendue, car la résistance s'est déjà organisée. Pour les habitants, un tel centre ferait en effet "tache" dans le paysage. Entre le bois de Boulogne et des immeubles cossus et des ambassades, dans une allée très tranquille, des préfabriqués devraient être mis en place.
200 personnes attendues. Selon la mairie, 200 personnes devraient s’installer là. Pas de quoi satisfaire Lionel Lemaire, président de l’association des riverains du bois de Boulogne pour qui ils seront forcément beaucoup plus : "quand on autorise 100 personnes, au bout de quelques mois, l’expérience montre qu'il y a également des non autorisés qui viennent dans des tentes ou des baraquements", explique-t-il. "Tout autour il y a une zone, une jungle... C'est ça qui fait peur", poursuit-il.
"Un coup politique". La peur, c'est donc celles des migrants. Même si la mairie insiste pour parler de sans domicile fixe, les opposants craignent pour leur sécurité et parlent déjà d'un nouveau Calais au Bois de Boulogne. On retrouve notamment ces mots sur le tract distribué par Max Guazzini, l'ancien président du Stade Français, persuadé que la mairie a ciblé ce quartier huppé : "ils ne pouvait pas imaginer qu'en faisant cela ici il n'y aurait pas de réactions, c'est simplement un coup politique pour embêter", témoigne-t-il. "Cet espèce de mépris vis-à-vis des habitants parce qu'on leur impose ce centre. J'ai l'impression d'être en Corée du Nord", ironise-t-il.
De son côté, la mairie se montre effectivement déterminée et les réunions prévues sont simplement des réunions d'information. A terme, le projet, dit-on, verra bien le jour.