Les manuels d'enseignement moral et civique (EMC), appliqué depuis la rentrée 2016, recouvrent bien les enjeux des inégalités hommes-femmes et des discriminations, mais réduisent encore les femmes à des rôles prédéfinis, relève lundi une étude. Après avoir étudié les manuels d'Histoire, de mathématiques, de français du lycée et de lecture du CP, le centre francilien pour l'égalité femmes-hommes Hubertine Auclert a analysé 25 manuels d'EMC, qui occupe désormais une heure par semaine à l'école élémentaire et une heure tous les quinze jours à partir du collège.
L'homme au travail, la femme à l'école. Son étude fait état dans ces manuels d'"un déséquilibre numérique général entre les femmes et les hommes", avec une "répartition de 31,8% de femmes et 68,2% d'hommes". Conformément à une tendance déjà observée dans d'autres études, il semble par ailleurs "plus aisé de représenter les filles en situation scolaire que de montrer des femmes dans la sphère publique en général". Le sexe masculin reste celui du travail, souligne aussi l'étude, relevant par exemple que "chez quatre éditeurs, le travail dans les infographies est représenté par une ou plusieurs silhouettes d'hommes en costume cravate".
Plus équilibré dans la justice et les médias. Alors que l'EMC a une mission importante d'éducation à la citoyenneté, les femmes sont aussi moins visibles dans le champ politique, puisqu'elles n'y représentent que 15% des personnages. Elles sont "davantage représentées en tant que citoyennes participant à la vie publique (67% des femmes représentées en politique) qu'en tant qu'élue ou professionnelle de la politique (33%)". Les représentations sont "plus équilibrées dans le domaine de la justice et des médias", note l'étude. Et certains manuels ont inclus des femmes scientifiques, avec par exemple, dans plusieurs d'entre eux, des dossiers sur Marie Curie. Les expertes restent en revanche "sous-représentées".
"Peut mieux faire". Le centre attribue des bons points pour la représentation de la conquête et de l'exercice des droits des femmes, jugée "satisfaisante". "Les manuels ont globalement bien intégré le traitement des inégalités entre les femmes et les hommes dans les pages consacrées aux discrimination", souligne aussi l'étude. Ils sont donc "sur la bonne voie", mais "peuvent mieux faire", conclut l'étude, dont les auteurs aimeraient "pouvoir trouver des hommes dans des rôles d'aidants et des femmes en situation de pouvoir".