Un peu plus de deux mois après le démantèlement de la jungle de Calais, que deviennent les migrants envoyés à travers la France dans les CAO, les "Centres d'accueil et d'orientation" ? L'inquiétude porte notamment sur les mineurs isolés. Ils étaient près de 2.000, et l'Angleterre en a finalement accepté moins de 500. Aujourd'hui, la France tente de faire réexaminer par l'Angleterre 300 dossiers. Car en attendant, les centres se vident.
Nombreux à partir. 15 à 20% des mineurs ont repris la route, d'après les chiffres officiels du ministère de l'Intérieur. Mais les associations donnent des taux parfois plus élevés. Dans les Pyrénées, le centre de Perles-et-Castelet avait accueilli 28 Afghans début novembre. Les autorités britanniques sont venues et n'en ont sélectionné que quatre. Les autres, sans réel espoir, ont été nombreux à partir, raconte Christian Maurice de la Ligue des droits de l'Homme : "Quand ils ont appris par la préfète qui est venue qu'ils n'avaient quasiment plus aucune chance d'être dirigés vers l'Angleterre, ils se sont barrés. Il y en a dix qui ont disparu juste avant Noël. Je pense que la déperdition va continuer."
Des centres ferment fin janvier. Ces jeunes estiment qu'on leur a menti, témoigne un autre reponsable associatif. Dans le Rhône, il ne reste plus que la moitié des trente-six réfugiés. Même constat en Saône-et-Loire. A Lille aussi, on dénombre quatre fugues. Où vont-ils ? Peu sont réapparus à Calais. Certains font des allers-retours, passent par Paris. L'objectif reste toujours l'Angleterre, par de nouvelles routes comme la Belgique. Pour les autres, ceux qui restent, l'Angleterre a pour l'instant fermé la porte mais les autorités françaises négocient avec Londres et tentent de faire réexaminer 300 dossiers car il y a urgence. Dès la fin du mois, certains de ces centres provisoires devront fermer et il faudra alors placer tous les mineurs au sein des services de protection de l'enfance.