Le projet de loi permettant de nouvelles dérogations à l’interdiction des néonicotinoïdes dans la filière betterave sera présenté lors du Conseil des ministres ce jeudi. Europe 1 revient sur cet insecticide agissant sur le système nerveux central des insectes et qui est réputé pour être un "tueur d'abeilles".
Ils font leur grand retour. Depuis leur interdiction en 2018, les néonicotinoïdes n'étaient plus présents dans les champs français. Mais ils vont très certainement pouvoir être plantés dans les prochains mois : le projet de loi permettant de nouvelles dérogations à l’interdiction des néonicotinoïdes sera en effet présenté lors du conseil des ministres, ce jeudi. Ce nouveau texte modifie la loi de 2016 portée par Barbara Pompili, qui était à l'époque secrétaire d'État en charge de la biodiversité, et prévoit la possibilité de dérogations jusqu'au 1er juillet 2023.
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Les néonicotinoïdes ont aussi la réputation d'être des "tueurs d'abeilles"
Concrètement, les néonicotinoïdes sont des graines de betterave enrobées d'une pellicule d'insecticide. Le plant de betterave pousse imbibé de ce pesticide et quand un puceron, qui transmet le virus de la jaunisse, la pique, il meurt. Mais ces néonicotinoïdes ont aussi la réputation d'être des "tueurs d'abeilles", car la substance attaque leur système nerveux. Pour de nombreux agriculteurs toutefois, les plants de betterave ne produisant pas de fleurs, le risque pour les abeilles est exclu.
Ça n'est pas tout à fait exact, répondent les chercheurs de l'Institut de la recherche agronomique. Ils expliquent qu'il y a toujours d'autres fleurs qui poussent dans un champ ou en lisière et qui absorbent donc le produit. Le danger n'est pas que pour les abeilles, puisque la substance peut rester entre 200 et 300 jours dans le sol, et peut éliminer de nombreux insectes qui vivent dans la terre, comme certains scarabées. Plus de néonicotinoïdes, ce sont donc des champs moins fertiles pour les générations futures.
L'argument a été mis sur la table par plusieurs scientifiques, mais il n'a pas été retenu pour l'instant dans le projet de loi. Il faudrait, selon eux, au moins des surfaces de compensation pour les abeilles : par exemple un petit champ de luzerne à côté d'un champ de betterave pour les attirer et les nourrir.