Les nombreuses étapes qui attendent encore l'aéroport Notre-Dame-des-Landes

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G.S.
Résistance des "zadistes", mise en demeure de Bruxelles, multiplication des recours… L'aéroport est encore loin d'être construit.

Les habitants de Loire-Atlantique ont dit "oui" dimanche à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, en votant à 55,17% pour ce projet controversé. François Hollande promet que "le résultat [du scrutin] sera respecté", a déclaré à l'AFP l'entourage du président de la République. "Le gouvernement fera appliquer le verdict des urnes", a prévenu de son côté le Premier ministre Manuel Valls, précisant que "les travaux préparatoires à la réalisation du nouvel aéroport s'engageraient dès l'automne prochain". Mais les choses sont-elles si simples que ça ? Pas si sûr…

Il va falloir évacuer la "ZAD". Les "zadistes", les opposants au projet qui ont fait de la zone de construction une "Zone à défendre" (ZAD), ne sont pas prêts à se laisser faire. Dimanche soir, plusieurs centaines de militants se sont rassemblés dans une grange sur la zone pour décider de la marche à suivre. "Cette lutte se poursuit dès ce soir. Nous n'allons pas cesser d'habiter, de cultiver et de protéger ce bocage", a déclaré l'un d'eux, comme a pu le constater Europe 1. Les militants ont appelé "tous les soutiens et comités, partout en France et au-delà, à se mobiliser dans les semaines à venir". Le gouvernement a promis que la zone serait évacuée avant l'automne. Mais il ne sera pas facile de déloger les centaines d'opposants, installés dans les dizaines de cabanes du site sur la quinzaine de kilomètres du chantier. En 2012, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault avait dû renoncer à l'évacuation par la force, après que les forces de l'ordre avaient rencontré une opposition violente des "zadistes".

Il va falloir convaincre Bruxelles. Malgré ce référendum, le projet d'aéroport ne rentre pas encore complètement dans les clous du droit. La France a été mise en demeure, en avril 2014, par la Commission européenne, qui a estimé que le projet n'avait pas levé toutes les inquiétudes. Selon elle, le projet pourrait bien être en infraction avec la règlementation environnementale européenne. Le dossier transmis par le gouvernement à l'époque avait omis, en effet, de préciser les impacts sur l'environnement de tous les chantiers qui vont émerger autour de l'aéroport : la construction d'une rame de tramway, de routes, d'une aérogare etc.

Ces précisions devront être apportées à Bruxelles dans le futur schéma de cohérence territoriale (SCOT), après une enquête de la préfecture qui doit être menée en septembre. Cette enquête doit "durer un mois, prolongeable éventuellement de quinze jours, à l’issue duquel le schéma est approuvé par les élus", détaille lundi le journal Le Monde. Et le quotidien du soir de poursuivre : "S’ensuivent deux mois pour d’éventuels recours. Le SCOT deviendra alors exécutoire, mais après approbation par la haute autorité environnementale, une étape qu’espèrent exploiter les opposants".

De nombreux recours à attendre. D'autant que les opposants n'entendent pas s'arrêter là pour bloquer le processus. "Le préfet de Loire-Atlantique a préparé un arrêté de dérogation permettant la destruction du campagnol amphibie (une espèce protégée). Mais entre-temps, les Naturalistes en lutte ont découvert à Notre-Dame-des-Landes d’autres espèces protégées, comme le triton de Blasius et la cicendie", explique le site Reporterre. "Le préfet va devoir prendre des arrêtés pour ces espèces, que nous attaquerons" en justice, prévient François de Beaulieu, membre du collectif des Naturalistes en lutte, cité par le média spécialisé dans l'actu environnementale.

"Il reste enfin des jugements en appel sur des recours déposés contre les arrêtés préfectoraux sur la loi sur l’eau et les espèces protégées, ou sur la déclaration d’utilité publique concernant l’agrandissement de certaines routes", lit-on encore sur Le Monde. Le temps que tous ces recours soient étudiés, le chantier ne devrait pas vraiment démarrer avant 2017. Entre-temps, les travaux pourront commencer partiellement, mais devront momentanément s'arrêter en fonction des différentes procédures de justice.