Le Pass contraception a-t-il échoué ? Ce dispositif, lancé en 2010 par la région Poitou-Charentes à l'initiative de Ségolène Royal, permet aux jeunes de 14 à 25 ans de bénéficier gratuitement et de façon anonyme de consultations gynécologues, de prises de sang (pour dépister une maladie sexuellement transmissible par exemple), des analyses médicales ou de prescriptions de contraceptifs (pilules, préservatifs, stérilets…), le tout sans avoir besoin d'une carte vitale. L'avantage est double : les jeunes n'ont pas besoin d'avancer les frais, ni de le dire à leurs parents. L'Île-de-France, la région Rhône-Alpes et l'Aquitaine avaient à l'époque suivi le mouvement et adopté le dispositif. Mais à l'heure du passage aux nouvelles grandes régions, le Pass contraception ne semble plus convaincre.
En Île-de-France, c'est terminé. L'Île-de-France, présidée depuis décembre dernier par Valérie Pécresse (LR), a décidé la semaine dernière de ne pas maintenir le dispositif pour l'année prochaine. "Le Pass contraception était un échec, nous avons décidé de ne pas le maintenir", a fait savoir Farida Adlani, vice-présidente en charge de l’Action sociale, de la santé et de la famille, la semaine dernière en présentant le Budget de la région.
Les Pass contraception se présentent sous forme de chéquier utilisable pour avoir accès à un contraceptif ou des soins. Il peut être retiré dans les lycées, les centres d'apprentissages, les missions locales ou encore les centres de planification et d’éducation familiale. Mais selon la nouvelle majorité, les jeunes ne se sont pas suffisamment précipités dessus : seuls 2.000 Pass ont été distribués en cinq ans. Plutôt que d'investir dessus (environ 20.000 euros en 2015), le Conseil régional préfère "renforcer de 300.000 euros" la campagne de prévention pour la contraception et l'avortement.
En Rhône-Alpes, il est menacé. En Rhône-Alpes, contrairement à l'Île-de-France, le Pass contraception touche un peu plus de monde. Selon le planning familial local, entre 20.000 et 30.000 jeunes sont concernés chaque année. "Sur la tranche d’âge 15/17 ans, les appels passés par les ados ont augmenté de 3% à 15% en deux ans sur le numéro de téléphone que le planning gère", explique l'association à Rue 89 Lyon. Pourtant, selon ce site internet, la majorité de la nouvelle grande région (qui comprend désormais l'Auvergne), présidée par Laurent Wauquiez (LR), pourrait elle aussi dire adieu au Pass, où au moins réduire le financement du dispositif. La raison évoquée, cette fois, c'est le coût : entre 2 et 3 millions entre 2011 et 2014, selon Rue 89.
"Au cours de la commission relative à la jeunesse (une réunion de 61 élus se déroulant à huis clos), il aurait été clairement signifié que la contraception relève de la prévention et de la santé, qui est donc une compétence de l’Etat et pas de la Région", explique Rue 89 Lyon, sans citer de source. Après de nombreuses réactions, notamment sur les réseaux sociaux, Laurent Wauquiez a réagi et qualifié cette information de "fantaisie". Et il assure "qu’il n’a jamais été question de toucher au Pass contraception". Le hic ? "Il n’y a, à ce jour, aucune trace du financement du dispositif dans le Budget primitif", explique Sarah Boukaala, élue PRG dans l’opposition, citée par Rue 89. Affaire à suivre, donc.
En Aquitaine Limousin Poitou-Charentes, bientôt remplacé ? Dans la nouvelle grande région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes, la politique en faveur de la contraception est encore loin d'être tranchée. "Nous allons tout remettre à plat", assure à Europe 1 Naïma Charaï, élue (PS) au sein de la grande région en charge de ces questions. Histoire de ne pas tout bouleverser, la région assure qu'elle ne touchera pas au Pass contraception en Poitou-Charentes. En tout cas pour l'instant. "Ce n'est pas d'actualité. Et nous ne ferons rien sans avoir consulté les associations, dont le planning familial", assure l'élue.
En Aquitaine, en revanche, le Pass avait été suspendu en 2015, et il ne devrait pas être renouvelé. "Nous nous sommes aperçus que trop peu de jeunes avaient accès aux soins proposés, surtout dans les zones rurales. Le test ne fut pas probant", poursuit Naïma Charaï, qui promet de mettre en place "un meilleur dispositif pour permettre aux jeunes l'accès à la contraception". Et de conclure, en guise de tacle à ses homologues de Rhône-Alpes : "ce serait scandaleux de supprimer ce type de dispositifs pour des raisons financières. On ne sacrifie pas un tel dispositif pour des raisons de coûts".