"La Méditerranée est une poubelle gratuite". C'est le cri de colère lancé samedi par Ségolène Royal. La ministre de l'Environnement dénonce l'attitude des pollueurs. Une attitude qui a des conséquences directes sur la faune marine. Selon un rapport alarmant des scientifiques de l'IFREMER, les sardines et les anchois ne grandissent plus. En dix ans, la biomasse des sardines a été divisée par trois, ce qui inquiète les pêcheurs.
"C’est mort, c’est la fin des sardiniers". Le problème, ce n’est pas la quantité de poissons, mais la qualité. Trop petites, trop minces, les sardines de la méditerranée sont devenues anorexiques. Taille moyenne : 11 centimètres, le minimum légal. Au marché au poisson, le kilogramme se négocie entre 80 centimes et un euro. "Pas suffisant pour vivre", raconte Patrice Fernandez, pêcheur de sardines et d’anchois depuis plus de trente ans.
"Elles sont maigres et elles n’ont pas de gras. Et il faut au moins 75 sardines pour faire un kilo. Il y a 20 ans, il en fallait entre 25 et 30 ! On arme nos bateaux pour sortir en attendant de trouver un gros poisson, mais on ne le trouve pas. C’est mort, c’est la fin des sardiniers et ça fait mal au cœur".
"La qualité du plancton n’est plus la même". La raison de cette petite taille : le stress dû aux ondes envoyées par certains bateaux, notamment pour la recherche pétrolière. Mais c’est surtout le plancton qui est pointé du doigt, selon Didier Devandeul, membre de l’association Provence filière mer : "la nouveauté c’est que, jusqu’à présent, le discours était ‘les pêcheurs sont la cause de tous nos maux. Aujourd’hui, le discours des scientifiques est différent. On part sur de nouvelles bases : la qualité du plancton n’est plus la même. Sa teneur nutritive a chuté et le Golfe n’est plus aussi nourrissant qu’avant".
Conséquence directe : il n’y a plus qu’une petite dizaine de sardiniers encore en activité sur le port de Marseille.