Il n'y a eu autant de monde dans les prisons françaises. 69.430 personnes sont détenues aujourd'hui en France pour un peu plus de 58.000 places, selon les tous derniers chiffres publiés mercredi. Une surpopulation qui conduit à la radicalisation de certains prisonniers, assure Pierre Botton, ancien détenu et fondateur de l’association "Ensemble contre la récidive", invité jeudi sur Europe 1.
Prendre le problème à la source. "Aujourd'hui, lorsque l'on envisage à l'aéroport d'Orly de mettre des portiques à l'extérieur, c'est parce qu'il y a quelqu'un qui est allé en prison, qui s'est radicalisé en prison et qui a décidé de prendre des armes. Quand nos vies sont toutes modifiées (après les attentats), c'est parce que 50 % des terroristes sont des gens qui se sont radicalisés en prison", soulève-t-il sur Europe 1. "Le thème de la sécurité est un thème très important. Il faut le prendre à la source et la source, c'est la prison. Aujourd'hui, des petits délinquants entrent pour des consommations de cannabis, des petits deals et ressortent en bêtes sauvages avec des kalachnikovs", étaye Pierre Botton.
Ne pas mélanger les détenus. Selon lui, la solution pour éviter la radicalisation est de ne pas mélanger les détenus. "Vous ne mélangez pas quelqu'un qui a consommé du cannabis , quelqu'un qui a fait un délit routier avec un grand braqueur, quelqu'un déjà radicalisé ou un violeur", s'indigne-t-il. "La moyenne de détention est de cinq mois. Combien de temps tient-on à quatre dans une cellule avec des personnes qui disent 'tu ne regardes pas cette image parce que c'est mécréant', 'tu n'écoutes pas cette musique parce que c'est mécréant' ? "
Agir, "même si cela déplaît à l'opinion". Le fondateur de l'association "Ensemble contre la récidive" en appelle aux politiques. "Je n'ai pas vu un seul candidat à la présidentielle venir voir ce qui se passait en prison aujourd'hui, c'est pourtant cela la sécurité des Français", regrette-t-il. Dans leurs programmes les candidats à la présidentielle François Fillon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron promettent d'augmenter le nombre de places de prison. "Mais quelles places de prison? Si ce sont des places de prison qui vont être livrées dans dix ans cela ne sert à rien. Nous, ce que nous souhaitons, ce sont des places pour des gens qui ont par exemple un problème d'alcool et ont commis un délit routier. Il faut les mettre dans des conditions afin qu'ils puissent se réinsérer, qu'ils travaillent, qu'ils payent un loyer. Le courage politique, c'est parfois de prendre des décisions qui ne sont pas dans le sens de l'opinion mais qui vont avoir des résultats."