Selon le 11ème baromètre de la perception des discriminations dans l'emploi en France, réalisé notamment par le Défenseur des droits, une personne sur quatre dit avoir été victime de comportements blessants sur son lieu de travail.
Près d'une personne sur quatre déclare avoir subi des propos ou des comportements hostiles au travail durant les cinq dernières années, selon le 11ème baromètre de la perception des discriminations dans l'emploi réalisé auprès de 3.551 personnes par le Défenseur des droits et l'Organisation international du travail, rendu public jeudi. Selon ce baromètre ce type de comportement est considéré comme "très fréquent" dans 5% des situations et "peu fréquent" dans 20% des cas.
Des propos racistes et sexistes. Mais ces données moyennes masquent de fortes disparités selon les groupes de personnes interrogées. Les "personnes perçues comme non-blanches", selon le qualificatif du baromètre, sont 33 % à avoir déclaré qu'elles avaient déjà fait face dans les cinq dernières années à des propos racistes. Ce n'est le cas que de 6 % des "personnes perçues comme blanches". Par ailleurs, 23% des femmes expliquent avoir été confrontées à des attitudes sexistes et 22% des personnes de confession musulmane disent avoir subi des comportements liés avec leur religion.
Les femmes perçues comme non-blanches et celles en situation de handicap sont les plus exposées. "Les femmes de 18 à 44 ans perçues comme non-blanches sont plus d'une sur deux à rapporter de tels agissements", tout comme "43% des femmes en situation de handicap", "40% des hommes homosexuels ou bisexuels", "40% des hommes de 18 à 34 ans perçus comme non-blancs". A l'inverse cette situation touche (seulement) "11% des hommes de 35 à 44 ans perçus comme blancs".
Dévalorisation au travail. Les hommes et les femmes interrogés pour le baromètre sont également 56 % à dire qu'ils ont été dévalorisés au travail. 38 % précisent notamment avoir été sous-estimés dans leurs compétences. Ces expériences vont souvent de pair avec des situations de dévalorisation du travail et de discrimination (rapportées par une personne sur trois). Ainsi, 86% des personnes rapportant un propos ou un comportement stigmatisant déclarent avoir expérimenté également une discrimination et/ou une forme de dévalorisation de son travail (attribution de tâches ingrates, sous-estimation des compétences professionnelles, etc...).
La possibilité de saisir la justice. "Loin de se résumer à des actes isolés, une part significative de la population en a déjà fait l'expérience (de la stigmatisation), la plupart du temps dans un contexte d'hostilité professionnelle incluant des expériences de discrimination et de dévalorisation du travail", conclut l'étude. Les auteurs rappellent que les personnes subissant à la fois les trois attitudes (stigmatisation, discrimination, dévalorisation) ont la possibilité de saisir la justice ou le Défenseur des droits pour "harcèlement discriminatoire". Cette qualification peut mettre l'employeur "en situation de devoir expliquer les procédures mises en place pour prévenir ces situations et les mesures prises pour les faire cesser lorsqu'elles se produisent", expliquent-ils.