A79, A13... Quatre questions sur la suppression des péages

Le péage de Saint-Arnoult dans les Yvelines, l'un des plus importants de France.
Le péage de Saint-Arnoult dans les Yvelines, l'un des plus importants de France. © MAGALI COHEN / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
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Romain Rouillard / Crédit photo : MAGALI COHEN / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Après l'A79, c'est au tour de l'A13, qui relie Paris à Caen, de passer le cap de la fin des péages. Les barrières existantes seront remplacées par un nouveau système d'ici à 2025 et les prix ne devraient pas augmenter. Une innovation qui pose néanmoins un certain nombre de questions. 

Un vent de nouveauté pourrait prochainement souffler sur l'autoroute A13. Et devrait soulager les millions de conducteurs, habitués des ralentissements aux abords des barrières de péages. Car ces dernières disparaîtront purement et simplement d'ici à 2025 sur cet axe reliant Paris à Caen. Une innovation qui se conjugue déjà au présent sur l'A79 entre Montmarault dans l'Allier et Digoin en Saône-et-Loire, faisant de ce nouveau tronçon la première autoroute de France à bannir définitivement les péages. Voici les questions qui se posent autour de ce nouveau système baptisé "free-flow". 

Par quoi ces barrières de péages seront-elles remplacées ?

À la place de ces imposantes structures, souvent synonymes de ralentissements lors des chassés croisés estivaux, les automobilistes verront apparaître des caméras et des radars fixés sur des portiques. Ces derniers scanneront la plaque d'immatriculation du véhicule et pourront déterminer s'il s'agit d'une voiture, d'une moto ou d'un poids-lourd afin d'appliquer le juste tarif. Le badge télépéage, utilisé par un peu moins d'1 million de conducteurs, sera, lui aussi, détecté. Un système de bornage rendu possible par le règlement général sur la protection des données (RGPD). "Mais cela doit être fait dans un cadre très précis", souligne Christophe Boutin, délégué général de l'association des sociétés françaises d'autoroutes. "Dès que le paiement sera effectué par l'usager, les données seront supprimées", assure-t-il. 

Comment les paiements s'effectueront-ils ?

Comme avant, il sera possible de régler par carte bancaire ou en espèce. Mais la méthode changera inévitablement. "L'usager pourra payer soit sur internet, en rentrant son numéro de plaque sur le site de la société gestionnaire de l'autoroute, soit par téléphone, soit dans un bureau de tabac", éclaire Christophe Boutin. Des bornes dédiées seront également installées dans les aires de repos. Des démarches qui peuvent paraître fastidieuses mais dont les abonnés au badge télépéage n'auront pas à s'acquitter puisque la somme - qui ne devrait pas augmenter - leur sera directement prélevée. 

Quant aux véhicules immatriculés à l'étranger qui passeraient sous ces portiques, les services de l'État pourront compter sur "un système d'échange informatique mis en place par le ministère de l'Intérieur", indique Christophe Boutin. Ce dispositif est déjà utilisé pour sanctionner les divers manquements au code de la route commis par les automobilistes étrangers sur le territoire français et ne s'applique qu'aux États membres de l'UE. 

Quels sont les projets déjà en cours ?

Outre l'A13, la future autoroute A69 entre Toulouse et Castres, très décriée par les défenseurs de l'environnement, sera construite selon ce modèle. Aucun péage ne se dressera sur les 62 km séparant les deux villes. Néanmoins, voir le free-flow irriguer l'ensemble de l'Hexagone prendra du temps. "Cela demande beaucoup d'investissement aux sociétés d'autoroute et ça ne leur rapporte pas tellement d'argent", souligne Arnaud Aymé, spécialiste automobile au cabinet SIA Partners.

Et si les futures autoroutes du pays seront toutes exploitées en free-flow, le réseau déjà existant ne devrait pas sauter le pas dans l'immédiat. "Il y a bien une barrière qui pourrait sauter du côté de Chambéry, une autre du côté de Tours. Mais il n'y a pas eu d'annonce en ce sens", confirme Christophe Boutin. La suppression définitive des péages pourrait bel et bien advenir, mais pas avant "des dizaines d'années", estime Arnaud Aymé. 

La suppression des péages est-elle pertinente sur le plan écologique ?

Elle entraînera de facto une fluidification du trafic et réduira le nombre de décélérations et d'accélérations. "Il y a un effet positif. Mais supprimer une barrière de péage (comme sur l'A13) n'aura qu'un effet très marginal par rapport à ce que consomme un trajet complet", indique Arnaud Aymé. Le consultant y voit toutefois l'opportunité de réduire l'artificialisation des sols. "Si vous prenez le péage de Saint-Arnoult dans les Yvelines (l'un des plus imposants de France, Ndlr), si vous le passez en free-flow, une surface importante de goudron pourrait être supprimée et rendue à la nature", ajoute-t-il. Enfin, la disparition des péages rime avec suppression des tickets en papier, assurément néfastes pour l'environnement.