Devant les grilles du collège, Saïd et ses camarades fouillent avec excitation dans leur sac et sortent de leur trousse leur précieux butin de la journée : une dizaine de stylos quatre couleurs, de différents modèles. Depuis quelques semaines, les collégiens s’arrachent ce stylo de la marque Bic qui existe pourtant depuis 50 ans. "J’en ai un argenté, un bleu, un rouge", énumère Corentin en exhibant ses stylos. "Il y en a aussi des ors et à motifs, les pâles sont plus rares, ajoute-t-il. "
Un engouement difficile à expliquer
Ces élèves de 6ème se livrent depuis un mois à un véritable trafic de stylos colorés. Tous les élèves de l’établissement s’y sont mis et les vols sont fréquents. C’est devenu "un jeu" de se piquer ces stylos. "Une fois, quand on est revenus de la récré, tous les stylos quatre couleurs avaient disparu des trousses !", raconte Saïd. "Les gens les volent pour pouvoir avoir une grande collection."
Eux-mêmes ne s’expliquent pas vraiment cet engouement pour les quatre couleurs. "C’est juste beau et pratique. On a quatre couleurs en une, la trousse est moins remplie", résume Julie, en haussant les épaules. Mais cette tendance commence à agacer leurs enseignants.
Les professeurs dépités face à cette pratique
Orla, professeur d’anglais, perd beaucoup de temps en classe, à cause de tous ces vols. "Ils se les piquent en cours et après ils se les passent, se les lancent à travers la classe, ça agite tout le monde. Et au moment de copier la leçon, plus personne n’a de quoi écrire !", décrit-elle, tout de même un brin amusé.
Elle espère que cet engouement ne durera pas longtemps et disparaitra vite au profit d’une nouvelle mode, qui ne perturbera pas ses cours. Certains de ses collègues, eux, ont pris des mesures plus radicales, en interdisant complètement ces stylos de leurs salles de classe.