Professeurs inexpérimentés, manque de magistrats... malgré les "plans" gouvernementaux successifs, "la République est en échec" en Seine-Saint-Denis, département le plus défavorisé de France, dénoncent des députés dans un rapport qui en appelle à une "révolution copernicienne", consulté vendredi.
"Inégalitaire, inadapté, l'État recule en Seine-Saint-Denis", estiment les députés qui ont participé à cette mission d'évaluation qui se penche, "pour la première fois dans l'histoire parlementaire," sur un territoire donné.
Le département au plus faible niveau de vie. Cinquième département le plus peuplé de France, la Seine-Saint-Denis, est aussi celui qui a le plus faible niveau de vie et le plus fort taux de criminalité, détaille le rapport. Face à ces difficultés, "l'État a mobilisé tous ses leviers d'action publique pour redresser la Seine-Saint-Denis", écrivent les rapporteurs qui soulignent que le département "a reçu le nombre record de 2.700 visites officielles, soit une moyenne de 20 visites par mois".
Revoir les méthodes de recrutement ? Malgré le volontarisme affiché des gouvernements qui se sont succédé ainsi que le renforcement des moyens (hausse du nombre de magistrats, dédoublement des classes de CP, création des zones d'éducation prioritaires), le département reste sous-doté par rapport aux autres territoires de France.
Pour sortir de cette spirale de l'échec, les rapporteurs estiment qu'il faut revoir le recrutement des policiers, magistrats et professeurs, trop souvent envoyés à la fin de leurs études dans les territoires les plus difficiles. "Les procédures de recrutement et d'affectation mises en oeuvre par l'État ont fait de la Seine-Saint-Denis une école de formation bis pour les fonctionnaires stagiaires ou débutants", égratigne les députés.
Des primes trop faibles pour les fonctionnaires. Ils estiment aussi que les montants des primes proposées pour encourager les personnels à aller dans ces territoires sont trop faibles pour avoir un impact sur l'attractivité des postes à pourvoir auprès des publics les plus expérimentés.
À l'inexpérience des agents, s'ajoute également un taux de "turnover" et d'absentéisme élevé. À titre d'exemple, le rapport révèle que "35,7% des professeurs des écoles primaires restent moins de deux ans dans leur établissement".
Toutefois selon eux, l'ajustement des effectifs et des moyens ne suffiraient pas à inverser cette tendance, tant l'État ignore la "réalité sociale" du département. "L'État ignore le nombre d'habitants vivant dans le département (...), fustige les rapporteurs qui, dans ce contexte, s'interrogent sur l'efficacité des politiques publiques.