Mgr André Marceau, évêque de Nice, ville endeuillée par une attaque djihadiste jeudi, dit "ne pas être Charlie" dans un entretien publié samedi par le quotidien Nice-Matin, tout en défendant la liberté d'expression qu'il estime "sacrée en France".
"Que chacun s'assume"
"Non je ne suis pas Charlie, je suis André Marceau ! Soyons nous-mêmes avec nos convictions. Ces caricatures, ce n'est pas mon problème. Certes la liberté d'expression est sacrée en France, mais que chacun s'assume. Il y a des identités qu'on ne peut pas trop bafouer à la légère", explique l'évêque.
"Dans les cercles de l'islam on doit prendre des mesures, tenir des propos afin d'ouvrir les fidèles à d'autres réalités que celles qui vont jusqu’à l'extrémisme. Les musulmans doivent dire très fort qu'ils ne portent pas cette violence", estime néanmoins Mgr Marceau.
"Donner le signal à d'autres"
Jeudi, trois fidèles sont décédés dans une attaque au couteau dans la basilique Notre-Dame de l'Assomption, en plein coeur de Nice. Les motivations précises de l'auteur présumé, un Tunisien de 21 ans, grièvement blessé par la police municipale alors qu'il menaçait les agents en criant 'Allah Akbar', restent encore inconnues.
Deux semaines après l'assassinat de l'enseignant Samuel Paty, décapité pour avoir montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression, la tension est grande entre la France et une partie du monde musulman. Vendredi, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont une nouvelle fois manifesté dans plusieurs pays musulmans et arabes contre la France au sujet des caricatures de Mahomet.
Après l'attaque mortelle dans la basilique, pour l'évêque de Nice "on doit dire qu'on n'est pas asservis". "Il faut pouvoir donner le signal à d'autres que nous restons debout ! Notre liberté d'expression c'est justement notre liberté d'ouvrir nos églises où nous proclamons que notre foi est un message d'amour", insiste-t-il.