L'idéologie islamiste "ne disparaît pas", pointe l'ex-juge anti-terroriste Marc Trévidic

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L'ancien magistrat anti-terroriste Marc Trévidic a mis en garde, lundi sur Europe 1, contre les risques de résurgence de l'islamisme radical. Alors que se tient toujours le procès des attentats du 13-Novembre, l'ex-juge estime notamment que la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan pourrait encourager certaines personnes à se radicaliser.
INTERVIEW

Le procès des attentats du 13-Novembre, qui se poursuit toujours ce lundi, doit permettre de juger 20 personnes, dont Salah Abdeslam, dernier survivant du commando responsable des attaques. Mais certainement pas de mettre à bas l'idéologie islamiste une bonne fois pour toute. "Ça ne disparaît pas", pointe l'ancien juge anti-terroriste Marc Trévidic, invité sur Europe 1 lundi matin. "L’idéologie peut toujours revenir. Mais c’est en montrant le caractère mortifère de cette idéologie qu’on a peut-être une chance de lutter contre aussi."

"On ne sait pas si cela a dégoûté des radicalisés"

C'est pourquoi Marc Trévidic se félicite tout de même que Salah Abdeslam parle à son procès, même si c'est pour se plaindre de ses conditions de détention. "Sa victimisation à lui fera peu de poids par rapport au discours des victimes", veut croire le magistrat. "Il parlera, il y aura peut-être des choses. Il n'a pas encore vu défiler toutes les victimes. C'est mieux que le mutisme, il se révèle lui-même."

Ce procès est aussi l'occasion de faire le bilan aujourd'hui des filières islamistes en France. Et selon Marc Trévidic, "le problème, c'est qu'on ne sait pas où on en est". "Le soufflé est retombé, on ne sait pas où en est le salafisme en France. On ne sait pas si cela a dégoûté des radicalisés ou si les gens sont dans une phase de demi-sommeil et la flamme se rallumera dès qu’il y aura une occasion sur la scène internationale."

"On verra des Français rejoindre l'Afghanistan"

Cette occasion pourrait bien, d'ailleurs, être la victoire des talibans en Afghanistan. "Dans quelques temps, on verra des Français qui essaieront de rejoindre l'Afghanistan", anticipe l'ex-juge anti-terroriste. "Ce ne sera pas tout de suite et ce sera beaucoup plus compliqué [que de rejoindre la Syrie au moment de la guerre], cela dépendra si les talibans laissent prospérer et grossir des groupes terroristes [mais] c'est toujours la même leçon."

Et ce, même si à l'inverse on a pu observer des "repentis" quitter les rangs de Daech. "Même ceux qui reviennent et regrettent, ils ont en réalité été dégoûtés par l’échec de l’Etat islamique", pointe Marc Trévidic. "Mais ça ne disparaît pas. [Dans les années 2010], on avait des gens tranquilles depuis des années qui sont partis en Syrie. Ces gens-là avaient toujours en eux cette volonté d'aller sur une terre de 'vrai islam'." Et c'est aujourd'hui l'Afghanistan qui peut endosser ce rôle.