Les forces de l'ordre ont procédé mardi matin tôt à l'évacuation d'un squat du sud de Lille où vivaient environ 200 migrants, a constaté une journaliste de l'AFP.
Baptisé ironiquement "squat 5 étoiles" et situé dans des locaux désaffectés appartenant à un bailleur social, Partenord Habitat, il était totalement vide vers 08h30 mardi. Seuls restaient des tentes entassées dans un coin, des chaussures ça et là et des paquets de biscuits jonchant le sol. L'évacuation a débuté vers 6 heures, selon la préfecture.
Quelques 180 migrants évacués vers différents centres d'accueil
Dans un quartier bouclé par les CRS, les premiers cars transportant les migrants sont partis vers 07h45, alors que la presse et les militants étaient tenus à l'écart. "Pas d'expulsion sans solution", ont scandé ces derniers au passage des cars. Selon une porte-parole de la préfecture sur place, 180 personnes ont été expulsées et emmenées dans des CRA (centre de rétention administratif), CADA (centre d'accueil de demandeurs d'asile) ou CAO (centre d'accueil et d'orientation) des Hauts-de-France, jusque dans l'Oise.
Évacuation en cours du squat du 5 étoiles rue Jean-Jaurès à #Lille-Moulins. Près de 200 migrants et réfugiés sont expulsés en application d’une décision de justice (juillet 2018) demandée par le propriétaire Partenord Habitat. Environ 200 policiers mobilisés, périmètre bouclé. pic.twitter.com/omnw0TRnyG
— Benjamin Duthoit (@BduthoitVDN) 4 juin 2019
De même source, un tiers de ces migrants sont en situation illégale, un tiers en situation légale et un tiers sont mineurs. "Certains étaient scolarisés, ils vont perdre tous leurs liens sociaux", s'est désolé Frédéric Laroche, bénévole membre du collectif Diem25.
Des migrants majoritairement africains
Selon Benaissa El Hamdani, de l'association l'Ile de la solidarité, ces migrants majoritairement guinéens, mais aussi ivoiriens, maliens, congolais ou camerounais, vivaient depuis 2017 dans ces locaux insalubres. Ils s'y étaient installés après l'évacuation en 2016 d'un parc du sud de Lille, puis celle en octobre 2017 du camp du quartier Saint-Sauveur, plus proche du centre, où environ 100 migrants s'étaient installés le long d'une ancienne gare.
Une évacuation pour répondre à une urgence sanitaire, selon la préfecture
Dans un communiqué, la préfecture du Nord a indiqué que cette évacuation visait à "répondre à l'urgence sanitaire créée par les conditions de vie indignes et insalubres", "offrir aux personnes en situation régulière sur le territoire national un hébergement adapté à leur situation" et "procéder à l'éloignement de ceux qui se maintiennent sur le territoire de manière illégale".
La préfecture, affirmant s'appuyer sur une ordonnance d'expulsion du TGI de Lille du 5 juillet 2018, espère également que cette opération "entravera les réseaux criminels de passeurs qui commercialisent la détresse et bénéficient en ces lieux de points d'ancrage stables et identifiés". Toujours selon la préfecture, le propriétaire Partenord a un projet immobilier en cours.