La crise des "gilets jaunes" n'est pas encore terminée mais le ministère de l'Intérieur doit éteindre un nouvel incendie : une fronde des policiers qui réclament "un retour sur investissement" après leur mobilisation en masse sur les manifestations.
Reprise des négociations mercredi. Confronté à sa première crise en interne depuis son arrivée il y a deux mois à Beauvau, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a reçu mardi soir les trois organisations syndicales représentatives chez les gardiens de la paix : Alliance, Unité-SGP-FO et Unsa-Police. Après trois heures de discussions, celles-ci ont été suspendues et reprendront mercredi, ont annoncé les syndicats.
Pour "une reconnaissance matérielle" des efforts des policiers. "Cette négociation nous a amenés à faire des propositions et cela a conduit le ministre a en faire de son côté, nous ne sommes pas tombés d'accord, donc, pour le moment, nous ne sommes ni déçus, ni satisfaits puisque les négociations continuent", a résumé au micro d'Europe 1 Jean-Claude Delage, secrétaire générale d'Alliance. "Notre souhait, c'est que les policiers soient récompensés durablement des efforts qu'ils fournissent depuis des années, on n'est pas là pour demander des choses qui soient juste une aumône, nous sommes là pour faire comprendre au ministre que les policiers sont en droit d'avoir une reconnaissance de la nation qui soit aussi une reconnaissance matérielle durable sur leur pouvoir d'achat", a aussi expliqué le responsable syndical.
Les policiers en ont "ras-le-bol" : que réclament-ils ?
"Fermons les commissariats". En attendant le syndicat Unité-SGP-FO rejoint le mouvement initié par Alliance sur le mot d'ordre "fermons les commissariats". Ce dernier a demandé "à tous les policiers de France de ne sortir que sur appel" d'urgence mercredi. "Ils ne bloqueront pas les commissariats parce qu'ils ont le sens du service public", avait assuré Christophe Castaner quelques heures avant cette rencontre. "Je ne crois pas que les policiers soient 'gilets jaunes'", avait estimé le ministre.
Face à la pression qui monte... Depuis une petite semaine, les syndicats ont fait monter la pression sur le gouvernement après un mois éreintant où les forces de l'ordre ont dû gérer la mobilisation des "gilets jaunes" mais aussi une menace terroriste revenue brutalement sur le devant de l'actualité avec l'attentat de Strasbourg, qui a fait cinq morts. Lundi, les syndicats policiers, regonflés par des taux de participation record aux récentes élections professionnelles (85,54% au comité technique de la police nationale), ont décidé de durcir le ton pour contraindre l'exécutif à délier les cordons de la bourse.
...le gouvernement dégaine une prime. Pour calmer cette colère, le gouvernement a d'ores et déjà proposé une prime de 300 euros aux forces de l'ordre mobilisées face aux "gilets jaunes". Un amendement en ce sens a été adopté dans la nuit de mardi à mercredi à l'Assemblée dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances 2019. La prime doit bénéficier à 111.000 policiers et gendarmes pour un coût total d'environ 33 millions d'euros. Le principe de cette prime avait été annoncé par le chef de l'Etat dès le 3 décembre.