Logements sociaux : la fronde d'élus des Bouches-du-Rhône contre la loi SRU

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Stéphane Burgatt / Crédits photo : ARNAUD PAILLARD / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP

"La problématique des logements sociaux ne peut pas se résumer à une équation mathématique appliquée de façon aveugle." Les maires de 42 communes des Bouches-du-Rhône, soutenus par la métropole Aix-Marseille, ont écrit au ministre délégué au Logement Guillaume Kasbarian pour demander une modification de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU).

Dans leur demande d’audience au ministre délégué au Logement Guillaume Kasbarian, 42 maires de communes des Bouches-du-Rhône dénoncent une "injustice territoriale" et une "fiscalité déguisée". Ils estiment que les quotas de logements sociaux sont inatteignables dans certaines de leurs communes, notamment en raison des normes et contraintes de construction. C’est le cas de Plan-de-Cuques qui compte actuellement autour de 11.000 habitants.

Entourée par les pinèdes, la ville ne pourra jamais passer de 10 à 25% de logements sociaux , assure le maire Les Républicains Laurent Simon. "Ma commune fait 8,2 km² avec 60% de zones naturelles classées Natura 2000, le plus haut niveau de protection écologique. Si je respectais à peu près la loi, j'arriverais à une densité de population qui atteindrait 5.311 habitants au km², c'est n’importe quoi !"

 

Certains maires paient 900.000 euros de pénalité chaque année

Pour être classé parmi les communes "carencées", il s'acquitte d’une amende de 400.000 euros. Aux Pennes-Mirabeau, le maire, ex-socialiste, Michel Amiel a budgété 900.000 euros. "Et ce n’est pas du one shot, c'est tous les ans", se désole-t-il. Lui aussi se dit volontaire pour offrir davantage de logements sociaux sans pouvoir y arriver. "Dans le quartier de Paillères par exemple, il y a 1.000 logements prévus. Ce n’est pas rien ! On est sur ce projet depuis 2008 !". Pourquoi un tel retard ? Selon lui, en raison des négociations qui se sont éternisées avec l’Établissement Public Foncier.

"Ça devient du racket"

Le coût des terrains est un frein, affirme le maire divers droite de Marignane, Éric Le Dissès, qui pointe également un manque de place. "On doit encore construire 1.600 logements sociaux, comprenez bien que c’est impossible !". Lui aussi est pénalisé à hauteur de 900.000 euros et n'a pas de mots assez durs quand il évoque la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU). "Ça devient du racket. C'est autant d’argent que je ne peux pas mettre dans les écoles et les installations sportives. On nous ponctionne de l'argent qui a normalement pour objectif le bon-vivre de nos administrés."

Des administrés qui font aussi pression contre les quotas. Les élus y sont sensibles. À Gémenos, "la perle de la Provence", selon son maire Jacky Gérard, la question revient souvent. "Demandez aux administrés, ils ne veulent pas à outrance des logements sociaux. Gémenos est une perle, je veux la garder ainsi", reconnaît-il.

Abandonner la politique du bâton

C'est pourquoi certains demandent, par exemple, de pouvoir intégrer dans ces quotas des "logements intermédiaires" à destination des classes moyennes. Dans son discours de politique générale le 30 janvier, Gabriel Attal avait formulé la même proposition.

Soutenus par la métropole Aix-Marseille, où une motion vient d’être votée après des débats houleux, ces 42 maires demandent que les règles soient assouplies. "La politique du bâton ne suffira plus à faire décoller la construction de logements sociaux" pense David Ytier, vice-président de la métropole au Logement.