"On ne peut plus imposer un acte sexuel par l’argent". Le texte de loi sur la prostitution doit être adopté mercredi après-midi par l’Assemblée nationale. Il prévoit un changement radical. Désormais ce ne sont plus les prostitué(e)s mais les clients qui seront pénalisés. Ils risqueront 1.500 euros d’amende et jusqu’à 3.750 euros en cas de récidive. Parmi les défenseurs de cette loi, on retrouve le Mouvement du Nid dont Grégoire Théry est le secrétaire général. "Nous soutenons la loi pour deux raisons. Tout d’abord car elle inverse la charge pénale c’est donc vraiment dire qu’on ne peut plus imposer un acte sexuel par l’argent. On ne peut plus exploiter la précarité de certaines personnes étrangères ou françaises. Et la seconde raison, c’est que cette loi est très concrète en matière de refonte des politiques publiques en matière de prostitution", a-t-il expliqué sur l’antenne d’Europe 1.
La prostituée devient victime. C’est donc un changement de mentalité car une fois le texte voté, ce ne sera plus le travailleur du sexe le délinquant. Puisque le délit de racolage passif est supprimé, il devient donc une victime. Une victime à qui l'Etat pourra même délivrer des titres de séjour si ces personnes sont étrangères. Voilà pour la théorie car en pratique cela s'annonce compliqué de savoir si le client a bien eu un rapport tarifé. Et c'est d'ailleurs l'un des arguments avancés par les détracteurs du texte.
Le flagrant délit est-il impossible ? Les forces de police disent en effet, qu’elles ont d’autres choses à faire, en plein état d'urgence. Et prouver une transaction entre un/une prostitué(e) et un client, en dehors du flagrant-délit, est pratiquement impossible. Mais pour Grégoire Théry, ce dernier point n’est pas du tout un obstacle. Selon lui, "les policiers ont fait une mauvaise lecture du texte car la simple sollicitation d’une prostituée sera condamnable. Et effectivement, cela se fera par le flagrant délit. Mais depuis 76 ans, depuis que les forces de police condamnent le délit de racolage, ils le font par du flagrant délit, c’est donc la même chose". Il sera donc assez simple, selon lui, de repérer les voitures de clients qui s'arrêtent à proximité des prostitué(e)s et de les arrêter une fois que cette dernière est montée à bord.
Vers une prostitution clandestine ? D’autres détracteurs affirment, quant à eux, que cette loi va entraîner une hausse de la prostitution clandestine, dans des hôtels ou sur internet par exemple. Un risque que concède Grégoire Thiéry qui pense toutefois que, "dans la mesure où cette loi est beaucoup plus protectrice pour les prostitué(e)s, je ne pense pas que cela favorise la clandestinité. Car avec ce nouveau texte, on les protège".