Si les défilés de la Fête du travail se sont dans l’ensemble bien déroulés, des affrontements ont éclaté en marge de la mobilisation parisienne. 18 personnes ont été interpellées à travers la France dimanche, dont 10 dans la capitale, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Des jeunes masqués ont dégradés du mobilier urbain et lancé des projectiles contre les forces de l’ordre, au cri de "tout le monde déteste la police." Ces derniers ont répliqué avec des gaz lacrymogènes.
"Des gens extrêmement minoritaires". "Les manifestations, globalement, se sont bien passées. Il ne faut pas perdre ça de vue", souligne Alexis Corbière, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon. "Il y a eu quelques incidents, effectivement, qui sont provoqués par des gens extrêmement minoritaires", soutient-il lundi au micro du Grand Direct de l'Actu. "À chaque fois qu’il y a une manifestation, ça se termine par des jets de projectiles, des insultes aux forces de police", lui oppose Jens Villumsen, délégué national de l’Union nationale inter-universitaire (UNI), qui a lancé dimanche, sur les réseaux sociaux, un hashtag de solidarité avec les forces de l’ordre, #JesoutienslaPolice. "Je pense qu’en plein état d’urgence, alors que des actes terroristes sont commis, il faut être solidaire des forces de police qui font un travail exceptionnel", estime le jeune homme.
Instrumentalisation. Concernant le slogan "Tout le monde déteste la police", Alexis Corbière assure qu’il "n’est scandé que par une dizaine de personnes, qui sont des provocateurs, et à aucun moment ce n’est le mot d’ordre ou le slogan des milliers de gens qui veulent le retrait de la loi El-Khomri et qui étaient hier dans le rue."
"Que les choses soient claires : je n’accepte pas qu’un policier frappe un jeune homme de quinze ans devant un lycée comme on l’a vu, je n’accepte pas l’idée qu’un policier – on l’a vu aussi, les images sont sur internet -, frappe un jeune homme qui est menotté, mais je n’accepte pas non plus qu’on jette un caillou sur un fonctionnaire de police et qu’on le blesse", martèle le responsable politique qui note une certaine "nervosité de la part des forces de l’ordre." "Il y a, me semble-t-il, des consignes et des ordres de fermeté, de provocation de la part des autorités et du ministre qui n’aident pas à ce que le climat se refroidisse un peu." Pour lui, "il y a une utilité pour le gouvernement à ce qu'aujourd’hui le climat se détériore. Il profite des violences pour parler des violences", alors même que le projet de loi Travail passe mardi en examen devant les députés de l’Assemblée nationale.
Un mouvement "fourre-tout". À l’inverse, Jens Villmusen estime que c’est d'abord le mouvement qui s'est radicalisé, hors des limites de l'opposition à la loi Travail, jusqu'à devenir le précipité des déceptions du quinquennat de François Hollande. "Ça fait le jeu politique de la gauche radicale qui veut se débarrasser de Valls, Macron et Hollande, et qui veut imposer ce qu’elle appelle une 'vraie gauche'. On fait descendre dans la rue des jeunes, des lycéens, parfois avec des prétextes étonnants, on a vu lors d’une AG à Tolbiac, que l’objet de la mobilisation c’était plus Notre-Dame-des-Landes et la fin du capitalisme que la loi El-Khomri. On mélange un peu tout, c’est un fourre-tout." Selon lui, les violence sont la conséquence d'un essoufflement : "À chaque fois qu’on a un mouvement social qui s'effondre, le mouvement répond par la radicalité et les violences."