La colère des policiers, qui réclament plus de moyens et de considération, ne retombe pas. De nouvelles manifestations ont eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi, notamment à Paris. Quelque 500 personnes se sont ainsi retrouvées sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame. Avec, au cœur des conversations, cette lettre que Bernard Cazeneuve a écrit aux forces de l'ordre vendredi. Europe 1 était avec eux.
"Rien de concret pour l'instant". Le ministre de l'Intérieur y affirme notamment qu'il mesure les conditions de travail "éprouvantes" des policiers. "Vous demandez des moyens, nous vous les donnons. Vous demandez du soutien, il vous est acquis", a-t-il écrit. Largement insuffisant pour convaincre Dimitri, qui exerce dans le Val d'Oise. "Il essaie de calmer le jeu, c'est pour ça qu'il dit qu'il nous a entendu", estime-t-il. "Je suis comme Saint-Thomas, je ne crois que ce que je vois. Quand on aura du matériel, quand on aura des effectifs sur le terrain, là ce sera du concret. De notre cher ministre, il n'y a rien de concret pour l'instant." Tellement rien que beaucoup des policiers rassemblés hier soir confiaient n'avoir même pas lu la missive de la place Beauvau.
Les syndicats, "on n'en veut pas". Tous en appellent désormais directement à François Hollande. Dans la nuit de jeudi à vendredi, le président de la République a promis qu'il recevrait les syndicats à l'Élysée "en début de semaine" prochaine. Mais pas question pour les manifestants d'attendre les syndicats. "On n'en veut pas", martèle Eric, de la BAC des Hauts-de-Seine, qui mène le mouvement haut-parleur à la main. "Qu'ils restent chez eux. Quand on aura fini de négocier pour les collègues, on parlera aux syndicats pour leur dire que sans eux, on a réussi à faire ce qu'ils sont incapables de faire depuis des années."
"On peut continuer". Scandant leur colère, les policiers ont pris la direction de l'Hôtel de Ville, puis de la Bastille. Tous rappellent qu'ils sont prêts à tenir des jours s'il le faut, alors même que leur droit à manifester est restreint par leurs fonctions, et que certains encourent des sanctions disciplinaires. "On est déjà à genoux", confie une policière. "On peut continuer."