Plus de 300 agriculteurs se sont opposés, sans heurts, à des gendarmes tôt mercredi dans le Lot-et-Garonne, les empêchant de poser des scellés sur des engins de chantier, sur un projet controversé de lac d'irrigation, chantier suspendu sur décret préfectoral.
Une vingtaine de gendarmes se sont rendus vers 6h à Pinel-Hauterive sur le chantier du lac de Caussade. Un projet de retenue d'eau de 920.000 m3 sur 20 hectares, destiné à l'irrigation agricole de 350 hectares d'une vingtaine d'exploitations, y est piloté par la chambre d'agriculture. Le chantier de ce lac artificiel est aux trois-quarts achevé.
En direct du lac de Caussade pic.twitter.com/kLrIgnGm9U
— Blandine Philippon (@BlanPhilippon) 23 janvier 2019
"Nous avons privilégié le dialogue", assure la préfecture. Face aux gendarmes, des militants de la Coordination rurale, syndicat agricole majoritaire dans le Lot-et-Garonne, se sont opposés à leur passage, et donc à la pose des scellés, au terme d'une discussion. "Nous avons privilégié le dialogue" et "évité l'affrontement", a déclaré à la préfète Béatrice Lagarde, assurant qu'"il ne s'agit pas d'une reculade de l'Etat". Les gendarmes n'ont pu poser les scellés mais ont planté un panneau à l'entrée du chantier où est affiché ce décret. Ils reviendront jeudi vérifier que le décret est appliqué, et "si ce n'est pas le cas, nous aviserons des suites à donner à ce dossier, notamment judiciaires", a-t-elle assuré.
Le projet de lac "est légitime" a réaffirmé Patrick Franken, président de la Coordination rurale 47. Il rappelle que "le projet avait reçu l'aval de la préfecture en juin avant l'annulation du décret pour des raisons qui ne sont pas très claires". Patrick Franken revendique aussi "le soutien de la quasi-totalité des élus du département dont les trois députés de la majorité".
Le projet "destructeur pour l'environnement", selon France nature environnement. Pour Anne Roques, juriste de l'association France nature environnement, le projet est "démesuré", "destructeur pour l'environnement", outre qu'"il n'y a pas assez d'eau dans cette région pour irriguer à profusion".
Un arrêté préfectoral, en novembre, avait retiré l'autorisation de début des travaux accordé par un arrêté précédent. Ce rebondissement faisait suite à courrier des ministères de l'Agriculture et de la Transition écologique, évoquant "un risque de recours contentieux (...) élevé", et souhaitant que le porteur de projet "consolide son dossier".
Le projet du lac de Caussade, en suspens depuis des années, a déjà fait l'objet de multiples recours devant la justice administrative et pénale, par les associations FNE et Sepanso opposées au projet, mais aussi de la Chambre d'agriculture qui défend le projet.