Agricultrices retraitées, mères élevant seules leurs enfants, victimes de "sexisme" à l'hôpital : la secrétaire d'Etat à l'Egalité Marlène Schiappa a exploré lundi la condition de la femme dans un département rural et pauvre, lors d'un débat en Lot-et-Garonne. Environ 200 personnes, dont une trentaine de "gilets jaunes" qui ont accueilli Marlène Schiappa par une Marseillaise, ont assisté au débat en fin de journée dans une salle de Sainte-Livrade-sur-Lot, ville de 6.300 habitants, où la pauvreté se devine aux 60% d'habitants non imposables.
Des "devoirs" pour les parents isolés. Aux témoignages de femmes, parfois les larmes aux yeux, évoquant la difficulté à élever seule leurs enfants, Marlène Schiappa a reconnu que, "grâce aux 'gilets jaunes' qui se sont retrouvés sur les ronds-points, on a pu mettre la question des parents isolés sur le devant de la scène". Elle s'est dite favorable à des mesures "pour faire face à un parent défaillant", notamment "un devoir de visite et d'hébergement à la place d'un droit. Les mots ont leur importance". Elle a aussi plaidé pour un contrat d'engagement à la parentalité signé par les deux parents, "un chantier que nous menons. L'objectif est d'améliorer la garantie des non-paiements des pensions alimentaires".
"Aux fourneaux et aux champs". Une retraitée a parlé des femmes des campagnes, qui toutes "ont travaillé durement des années, à la fois présentes aux fourneaux et aux champs. Comment pouvez-vous remédier à la perte de pouvoir d'achat, à une dégradation des conditions de vie dans nos campagnes désertifiées, avec 250 à 500 euros pour les conjoints d'exploitants agricoles ?" Parmi les Lot-et-Garonnais en surendettement, 54,3% sont des femmes, selon la préfecture. "Les retraites d'exploitants agricoles, c'est un sujet primordial. La situation de ces femmes est extrêmement difficile", a reconnu Marlène Schiappa. "On a fait voter un congé maternité pour les femmes d'agriculteurs. Une transformation du régime des retraites est en cours. Nous avons alerté Monsieur Delevoye (Haut-commissaire à la réforme des retraites) sur ce sujet".
Sur la PMA et les doutes exprimés par une intervenante sur la prise en charge par l'assurance maladie, @MarleneSchiappa affirme de nouveau sa position pic.twitter.com/ekkbbvywMD
— Jérôme Schrepf (@jeromeschrepf) 11 février 2019
Haussement de ton. Le débat, cordial dans l'ensemble, en a frustré certains, qui ont cependant été courtoisement, mais fermement, remis à leur place quand ils élevaient la voix. "Je ne suis pas venu assister à une réunion du planning familial ! Je suis venu parler des problèmes que tout le monde rencontre. Une politique fiscale plus juste avec un État qui investit dans des programmes sociaux", a ainsi lancé un intervenant. "Ça ne se fait pas de comparer ce débat à une réunion du planning familial. C'est méprisant, monsieur", a répliqué la secrétaire d'Etat. Qui a un autre moment a conseillé à un autre débatteur, qui haussait le ton, de "boire un verre d'eau". La durée du débat - un peu plus d'une heure -, en a aussi frustré plus d'un, quand ce n'est pas l'exercice lui-même : "Le gouvernement essaie de nous circonvenir, il nous manipule mais beaucoup de gens dans la salle ne sont pas dupes", ruminait à la sortie une institutrice à la retraite.