Plus de cent femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint depuis le début de l'année. Julie, 35 ans, tuée par son ex-mari en Haute-Corse il y a six mois, était la trentième victime de l'année. Violetta et Lucien, les parents de Julie, témoigneront lors du Grenelle des violences conjugales, qui s'ouvre mardi à Matignon. Dans la matinale d'Europe 1, ils témoignent de la difficulté de lutter contre le "fléau" des féminicides.
Comme le souligne Lucien, Julie n'a pas reçu de soutien des autorités, "malgré les plaintes, les menaces de mort, même après moi, qui ai été porter plainte cinq, six fois". "On a appris deux jours avant la mort de ma fille que toutes ces plaintes avaient été classées sans suite. Ma fille a dit : 'il va falloir qu'il me tue pour que ça bouge'. Et deux jours après, ce monsieur assassinait ma fille", se souvient Lucien.
"Les enfants sont en famille. Ils se reconstruisent, et nous par la même occasion"
Les deux garçons de Julie, âgés de huit et dix ans, sont désormais sous la responsabilité de leurs grands-parents. "Sur son cercueil, on lui a promis de s'occuper de ses enfants. On le fera quoi qu'il arrive", assure le grand-père. "J'ai la chance d'avoir mon cœur qui bat. On est vivant et on continue. C'est dur", poursuit Violetta. Et d'enchaîner : "Il y a eu la rentrée des classes, on l'a fait. Normalement ce n'est pas notre rôle mais on l'a fait. Les enfants sont en famille. Ils se reconstruisent, et nous par la même occasion".
Alors que plus de 200.000 femmes sont victimes de la violence de leur conjoint chaque année en France, Violetta et Lucien entendent ne pas rester inactif. "Avec l'aide de nos amis, mon épouse, on continuera à se battre", martèle Lucien. Et de conclure : "Je lui ai promis sur son cercueil que je me battrai pour ce combat de femmes battues. C'est un fléau, une épidémie, plus du tout un fait divers comme avant."