Jeudi 20 juin, la ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet, a envoyé une lettre aux chefs d'établissement du primaire au lycée. Problème, nous sommes aujourd'hui le 27 juin et entre les stages, le bac ou le brevet, une partie des écoliers a déjà fini les cours. Pour les enseignants, vouloir organiser ce temps d'échange de manière aussi précipitée à ce moment de l'année est une idée totalement déconnectée.
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"La moitié de nos élèves est déjà partie"
En effet, de nombreux collèges ont déjà dit au revoir à leurs élèves, comme à Strasbourg où exerce Marie, prof de français. "La moitié de nos élèves est déjà partie et pour ceux qui restent, l'humeur n'est vraiment pas aux échanges lourds de sens", confie-t-elle. "Je ne sais pas si les décideurs l'ont imaginé. On a en tout cas l'impression qu'il s'agit d'une posture, de pouvoir dire qu'on l'a fait et je trouve que c'est encore plus humiliant, encore plus blessant pour la communauté juive que cette tragédie soit traitée de la sorte."
Parmi les enseignants, contactés par Europe 1, certains n'ont même pas été prévenus par leur hiérarchie. D'autres dénoncent une décision précipitée, sans mode d'emploi, notamment pour évoquer le viol, malgré des ressources mises en ligne par le ministère. Pour rappel, l'antisémitisme est néanmoins bien abordé en cours d'année en enseignement moral et civique. Alice, prof d'histoire-géographie, prévoit ainsi une piqûre de rappel cette semaine, mais uniquement pour ses 3e lors d'une séance de révision.
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"C'est vrai qu'on est pressé par le brevet et les élèves sont stressés. C'est quand même un contexte un peu particulier et j'en parlerais juste à ce moment-là. Mais ça ne pourra pas durer une heure... On n'a pas le temps, mais ça va durer un temps, je tiens vraiment à en parler. Et dans les petites classes, au primaire, des enseignants confient qu'il est trop délicat pour eux d'évoquer le drame de Courbevoie.