C'est la troisième fois en une semaine. Les élèves des lycées parisiens Condorcet, Henri IV et Louis-le-Grand ont encore été mis à l'abri après des menaces anonymes. Selon certaines sources policières, les trois établissements ont reçu des appels préoccupants, lundi vers 9 heures. "Vous allez tous mourir", aurait lancé la personne au bout du fil. Mardi et jeudi de la semaine dernière, plusieurs établissements parisiens, dont les trois visés ce lundi, avaient déjà été la cible de menaces. A chaque fois, la police n'a rien trouvé et les lycées ont repris leur fonctionnement habituel au bout de quelques heures. Comment réagissent les principaux concernés ? Europe 1 a tendu le micro.
Dans le personnel, "il y a des gens plus inquiets que d'autres". Lors de ces alertes, une procédure minutieuse a été mise en place par l'Education nationale depuis les attentats. Les lycéens sont confinés, réunis dans une pièce particulière ou encore dans la cour, avec interdiction de sortir de l'établissement, le temps que les policiers terminent l'inspection. Tous les jours, le personnel doit veiller à ce qu'aucun rassemblement ne se fasse devant l'entrée des établissements.
Une procédure bien huilée qui permet d'éviter la panique généralisée au sein du personnel, selon Jean Bastianelli, le proviseur de Louis-Le-Grand. "C'est évident qu'il y a des gens plus inquiets et d'autres moins. Mais nous faisons attention à bien informer. On a tout intérêt à être très précis et très complets", assure-t-il. Se voit-il comme une cible particulière ? "On se pose forcement la question. Ce sont toujours des grands lycées qui sont contactés par des appels anonymes. Mais on a aussi vu que la question ne se limite pas à quelques établissements. Cela concerne tout citoyen", poursuit le chef d'établissement.
Nouvelle alerte à la bombe dans mon lycée #condorcet on est en confinement pic.twitter.com/rVBBPyFNcq
— Abdelrani Benalia (@abdel_benalia) 1 Février 2016
Mais tout le monde n'est pas rassuré pour autant. "Je trouve ça très préoccupant. Pour mes élèves, c'est très stressant. Nous n'avons pas d'explications sur l'origine de la menace", témoigne ainsi une professeure de philosophie du lycée Henri IV, pour qui toutefois "il ne faut pas céder à la panique". Toujours du côté enseignant, la peur semble dépasser le cadre des établissements visés par les menaces. "Il y a des collègues assez angoissés. Ce sont des enseignants qui ont du mal à venir enseigner le matin, qui préféreraient être ailleurs. Ils développent une certaine forme de dépression. Ils ont du mal à faire leur métier sereinement", témoigne ainsi Sophie, enseignante du secondaire à Paris, sur Europe 1.
Les parents "apprivoisent cette inquiétude". Du côté des parents, on semble pour l'heure faire confiance aux encadrants. "Toutes les mesures sont prises pour faire des exercices de confinement", reconnaît en tout cas Hervé-Jean Le Niger, vice-président national de la Fédération des conseils de parents d'élèves. "Cela ne perturbe pas les cours dans la mesure où les enseignants et le personnel sont formés. Cela peut certes anxiogène mais il faut préciser que toutes les mesures sont prises. L'inquiétude est permanente et les parents apprivoisent cette inquiétude", assure-t-il au micro d'Europe 1.
Les élèves "plus stressés par les concours". Quant aux élèves qu'a pu interroger Europe 1, ils ne semblent pas s'inquiéter outre mesure. "Ça ne me fait pas peur. On m'a dit qu'il ne fallait pas prendre ça au sérieux. C'est vraiment au cas où", témoigne un lycéen d'Henri IV.
>> Sur Twitter, certains semblaient inquiets, d'autres ironisent
"Je suis arrivée à 10h30 et je suis simplement allée en cours", raconte Cassandre élève #Henriiv "Je ne me sens pas forcément en sécurité"
— Marthe Ronteix (@MartheRonteix) 1 Février 2016
Déjà qu'je trouve pas de place dans mon sac pour mes cours de maths, j'vous souhaite du courage pour y foutre une bombe.#HenriIV#Menaces
— PDB (@WashableCrown) 1 Février 2016
"Pour l'instant ce ne sont que des fausses alertes, il n'y a aucun souci à se faire. Nous on est plus stressés par nos concours que par ça", poursuit un autre à Louis-le-Grand.