Lyes Louffok, membre du Conseil national de la protection de l'enfance, était l'invité de Matthieu Noël sur Europe 1, mercredi, à l'occasion de la diffusion d'un documentaire accablant sur les enfants placés. "On les met là où il y a de la place", déplore-t-il.
"Un dispositif qui est en tension, qui travaille dans l'urgence permanente." Voilà comment Lyes Louffok, membre du Conseil national de la protection de l'enfance, décrit le système des structures d'accueil des enfants placés en France. Il revendique notamment le terme "enfants placés" car "on les met là où il y a de la place". "C'est aujourd'hui la seule préoccupation dans ce dispositif. (...) Il y a peu de prise en compte des dispositifs les plus adaptés", explique-t-il au micro de Matthieu Noël sur Europe 1, mercredi.
"Il n’y a quasiment jamais d’interdiction d’exercer quand il y a des passages à l’acte maltraitants." "On est au bord de l'implosion" en ce qui concerne l'aide sociale à l'enfance en France, assure-t-il, alors que le documentaire Enfants placés : les sacrifiés de la République sera diffusé sur France 3, mercredi soir. Lyes Louffok, qui a connu la dure réalité des familles d'accueil, se dit notamment profondément choqué par le fait qu'un "fichier national qui recenserait les agréments des familles d'accueil n'existe pas dans notre pays" : "Une famille d'accueil qui va être condamnée par la justice pour des faits de maltraitance dans un département, pourra retrouver du travail dans le département voisin. (...) Il n’y a quasiment jamais d’interdiction d’exercer quand il y a des passages à l’acte maltraitants."
Il pointe par ailleurs le fait que "les enfants ne parlent pas". Par conséquent, "la violence qui est vécue, en institution, dans la collectivité n'est bien souvent jamais révélée". "Tout l'enjeu est là aujourd'hui. C'est de pouvoir avoir des garde-fous pour les enfants et leur permettre de faire part de ce qu'ils vivent au quotidien quand, parfois, c'est dramatique."
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"On est encore dans des logiques très pro-familialistes." Si la loi "prévoit maintenant que ce qui doit primer avant tout, c’est l’intérêt de l’enfant", Lyes Louffok rappelle qu'"il y a la loi telle qu'elle a été votée et son application" : "Il y a une vraie doctrine aujourd'hui en France sur la protection de l'enfance et je pense qu'il y a un vrai changement de mentalité à opérer auprès des professionnels. On est encore dans des logiques très pro-familialistes."
Il tient par ailleurs à souligner la "grande lâcheté" d'Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé, qui "n'a pas souhaité venir débattre" à l'occasion de la diffusion du documentaire : "Ses équipes ont vu le reportage. Elle a indiqué aux équipes de France Télévisions que cela ne la concernait pas, que cela ne concernait que les départements. Une position comme celle-ci au sein de l'État, c'est très grave !" Lyes Louffok en appelle également au président de la République qui "s'était engagé le 20 novembre, à nommer un haut commissaire chargé de la protection de l'enfance. On est le 16 janvier et il n'y a toujours personne".