Le tribunal administratif de Lyon a examiné mercredi la requête pour "faute" contre le rectorat d'une enseignante qui dénonce le manque de soutien de sa hiérarchie après des remarques et des caricatures racistes d'élèves de sa classe.
Le proviseur aurait jeté des caricatures racistes. Les faits se sont produits de décembre 2014 à juin 2015 dans une classe de seconde d'un lycée professionnel de Bron, en banlieue lyonnaise, où la requérante d'origine algérienne enseigne les mathématiques, la physique et la chimie. "Ça a commencé par des remarques du type 'on n'aime pas les étrangers mais on aime bien les étrangères', puis des questions sur ma religion ou si je mangeais du porc", a déclaré à l'AFP la professeure de 39 ans, soutenue par la CGT éducation. "Et il y a eu les caricatures d'un juif et d'un musulman criblés de balles (...) Je les montre au proviseur qui les jette", a ajouté l'enseignante, soulignant qu'elle avait saisi sa hiérarchie dès le début des faits.
Exclusion temporaire, mais pas de conseil de discipline. Trois élèves sont en cause, dont l'un d'eux met un jour "en joue" la plaignante avec une règle. Après des avertissements, ils seront exclus "quelques jours" mais aucun d'entre-eux ne sera convoqué devant un conseil de discipline, a déploré la requérante, soulignant que le proviseur lui avait simplement conseillé de "porter plainte". À l'audience, son avocat Sébastien Bracq a évoqué le "comportement complètement inadapté" d'un proviseur "qui minimise les choses".
La décision mise en délibéré. Le rectorat n'était pas représenté mercredi et la décision a été mise en délibéré après la demande de rejet du rapporteur public sur le fond. S'appuyant sur le rapport de l'inspection académique, le rapporteur a reconnu "l'absence de dialogue et d'un climat de confiance" entre le proviseur et l'équipe enseignante, mais a estimé "que le proviseur n'a jamais failli pour répondre aux sollicitations et demandes de la requérante".
L'examen de cette requête survient au moment où de nombreux professeurs dénoncent, notamment sur les réseaux sociaux sous le hashtag ironique #pasdevague, l'absence de réactions de leur hiérarchie face aux violences qu'ils subissent, après l'affaire d'un élève filmé en train de braquer sa professeure avec une arme factice dans un lycée de Créteil.