Le président Macron se trouvait lundi soir au collège des Bernardins devant la conférence des évêques où il a dit vouloir "réparer le lien abîmé entre l'Eglise et l'Etat". Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction de La Vie, était l'invité de Raphaëlle Duchemin dans Europe 1 Bonjour. Il analyse des propos qui ont, d'une part, en partie choqué la gauche, et d'autre part interrogé les catholiques.
Pas de "laïcité stricte". Jean-Pierre Denis dit comprendre le choc ressenti par une frange de la gauche. Car d'après lui, Emmanuel Macron est allé "beaucoup plus loin que le discours habituel sur la laïcité (...) On n'est pas dans une conception de la laïcité stricte. Il y a un appel aux catholiques à s'engager en politique, à participer au débat public et il y a une reconnaissance de ce que les ONG catholiques apportent à la société."
Le discours du président s'est ainsi heurté, pour Jean-Luc Mélenchon, à la loi de 1905 de séparation entre l'Eglise et l'Etat. "La loi de 1905 dit que la République ne reconnaît aucun culte mais c'est un peu plus compliqué que ça. Vous avez des aumôniers militaires, dans les prisons... La réalité est beaucoup plus complexe. L'enseignement privé sous contrat est en grande partie catholique", ajoute le journaliste. "Le lien est bien plus complexe que Jean-Luc Mélenchon veut bien le reconnaître", souligne le directeur de la rédaction de La Vie.
Une sorte de dîner du Crif. Le terme de "réparer" choisi par le président pourrait aussi créer le débat, analyse Jean-Pierre Denis. "Il est clair que le quinquennat Hollande a été difficile pour les relations entre l'Eglise et l'Etat, suivant le quinquennat de Sarkozy qui avait été une grosse déception pour beaucoup de catholiques", rappelle-t-il. Cependant le président Macron n'a lui même "rien lâché sur les débats de société sur lesquels des catholiques sont amenés à s'opposer à lui" comme la PMA ou l'euthanasie. Qui plus est, bien que le rendez-vous ait été inédit, le journaliste souligne que cette épisode pourrait non pas être vu comme une opportunité pour les catholiques mais à l'inverse comme une sorte de dîner du Crif. "C'est à se demander si les catholiques ne sont pas en train de devenir des juifs comme les autres ! Mais le président dit au contraire 'Vous avez une place un peu à part'", glisse Jean-Pierre Denis avant de conclure sur son sentiment : "Les laïcs s'époumonent, les catholiques s'interrogent."