Emmanuel Macron a promu d'anciens combattants harkis et des représentants d'associations de harkis dans les ordres de la Légion d'honneur et du Mérite, à quelques jours de la Journée nationale d'hommage à ces anciens supplétifs de l'armée française pendant la guerre d'Algérie.
Décret paru au Journal officiel. Par décret du 20 septembre paru au Journal officiel de ce vendredi, six anciens combattants harkis et la cofondatrice d'une association de harkis deviennent chevaliers de la Légion d'honneur. Quatre personnes sont élevées au grade d'officier de l'ordre national du Mérite et quinze autres au grade de chevalier du même ordre, majoritairement représentantes d'associations ou fédération. Ces promotions interviennent à quelques jours de la Journée nationale d'hommage aux harkis, le 25 septembre.
Abandonnés après les accords de paix. A la fin de la guerre d'Algérie (1954-1962), quelque 60.000 des Algériens recrutés comme auxiliaires de l'armée française avaient été admis en France après les accords de paix. Les autres (entre 55.000 et 75.000 selon les historiens) avaient été abandonnés et victimes de sanglantes représailles de la part des nationalistes qui les considéraient comme des traîtres.
Un "fonds de réparation" jugé insuffisant. Un groupe de travail, lancé à l'initiative du chef de l'État, avait préconisé en juillet de créer un "fonds de réparation et de solidarité" de 40 millions d'euros pour les harkis et leurs enfants. Mais ce montant est très loin des attentes des associations. La communauté harkie avait appelé début septembre le chef de l'Etat à lui accorder des réparations à la hauteur du préjudice subi à la fin de la guerre d'Algérie, rappelant le soutien qu'elle lui a apporté en 2017 et menaçant de porter plainte contre la France pour crimes contre l'humanité. Quelques jours plus tard, le Comité national de liaison des harkis (CNLH) avait réitéré sa volonté de se battre "jusqu'au bout" et d'aller plaider sa cause devant les tribunaux internationaux s'il n'obtenait pas satisfaction auprès de l'État.
"C'est un peu tard", selon le président du CNLH. Cette promotion intervient "un peu tard", a jugé vendredi le président du Comité national de liaison des harkis (CNLH), estimant que les harkis méritaient "le pardon de la nation". "Bien sûr une décoration ça fait toujours plaisir et honneur", a relevé Boaza Gasmi sur Franceinfo. Mais, a-t-il ajouté, "les harkis sont en fin de vie. Aujourd'hui, le plus jeune harki a 80 ans, c'est un peu tard".
"Nous méritons le pardon de la nation". "Notre combat, pour être franc, c'est une vraie reconnaissance et une vraie réparation. C'est pas des décorations qui vont enlever la souffrance des harkis", a-t-il affirmé. "Nous méritons le pardon de la nation", a-t-il ajouté, la voix nouée.
Pour Boaza Gasmi, "il aurait fallu qu'au départ, les harkis soient insérés dans la vie sociale, de façon à ce qu'ils puissent réussir, que leurs enfants et leurs petits-enfants puissent réussir. Malheureusement, ça n'a pas été le cas et la souffrance est sur trois ou quatre générations", a-t-il regretté.