"Madame Le Pen, vous n'aurez pas nos haines", ont écrit la secrétaire d'Etat chargée de l'Aide aux victimes, Juliette Méadel, des artistes, philosophes, responsables associatifs et proches de victimes d'attentats dans une tribune publiée lundi sur le site de Libération.
"Son message est porteur de haine". Les signataires reprennent les mots d'Antoine Leiris, qui a perdu sa femme et mère de son enfant au Bataclan le 13 novembre 2015, et avait écrit "Non, vous n'aurez pas ma haine" dans un message relayé dans le monde entier. Ces mêmes termes avaient été repris par Étienne Cardiles lors de l'hommage rendu à son compagnon, Xavier Jugelé, gardien de la paix assassiné le 20 avril sur les Champs-Élysées dans une attaque revendiquée par l'organisation djihadiste Etat islamique (EI). "En exploitant les peurs et les craintes que les attentats récents ont exacerbées, le Front national est à présent aux portes du pouvoir en France. Pourtant, son message est porteur de haine. Une haine qui attise la guerre dont nous ne voulons pas", écrivent-ils à l'adresse de la candidate FN qui affrontera Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle.
"Vous n'aurez pas nos peurs". "Si, demain, les lois de la République entérinaient la 'préférence nationale'", comme le souhaite Marine Le Pen, "ce serait la fin du principe d'égalité. Les premiers visés par cette discrimination n'en concevront qu'un ressentiment plus fort qui nous aspirera dans le cercle infernal du rejet de l'autre et de la haine de soi", affirment-ils. "Alors, non, Madame Le Pen, vous n'aurez pas nos peurs, vous n'aurez pas nos colères, vous n'aurez pas nos haines", poursuivent les signataires, estimant que le projet de Marine Le Pen "renforce le terrorisme" qu'elle "prétend combattre".
Arditi, Nagui et Morel. Parmi les signataires de cette tribune initiée par Juliette Méadel, soutien du candidat d'En Marche!, figurent des proches de victimes d'attentats (Latifa Ibn Ziaten, Georges Salines, Etienne Cardiles) et la fondatrice de SOS attentats Françoise Rudetzki, des comédiens (Pierre Arditi, Bruno Solo, François Morel) et d'autres personnalités comme l'ancien eurodéputé Daniel Cohn-Bendit, éditorialiste sur Europe 1 et lui aussi soutien d'Emmanuel Macron, et l'animateur Nagui.