Une ancienne policière de la Brigade financière, Nathalie Le Roy, a été mise en examen à Lille le 16 août dans l'affaire de l'enregistrement, à son insu, d'une magistrate qui avait été produit devant la justice par la défense de l'ex-trader Jérôme Kerviel, a appris l'AFP vendredi de source judiciaire. Comme l'a révélé le Journal du Dimanche dimanche dernier, la policière a été mise en examen pour "atteinte à l'intimité de la vie privée" dans cette instruction ouverte à Paris puis dépaysée à Lille après une plainte de cette magistrate du parquet de Paris, désormais à la retraite, Chantal de Leiris.
Une lanceuse d'alerte ? "Nathalie Le Roy a fait cela de manière tout à fait désintéressée. Tous les critères juridiques sont réunis pour qu'elle bénéficie du statut de lanceuse d'alerte", a commenté l'avocat de la policière Gilles-William Goldnadel. Chargée de l'enquête Kerviel, l'ancienne policière avait elle-même procédé à l'enregistrement, mi-juin 2015, lors d'un rendez-vous dans un café parisien avec cette magistrate, vice-procureur au parquet de Paris pendant l'enquête sur les agissements de Jérôme Kerviel à la Société générale.
Durant cette conversation, la vice-procureur donnait du crédit à l'hypothèse d'une enquête biaisée en faveur de la banque, assurant que les juges étaient "sous la coupe" des avocats de la Société générale. "La Société générale n'a pas eu prise sur moi, ni sur la Brigade financière", avait rectifié la magistrate publiquement, avant de porter plainte.
Une bande-son livrée le jour même ? Entendue en garde à vue en mars 2017, la policière a affirmé avoir attendu six mois avant de livrer l'enregistrement à David Koubbi, l'avocat de Jérôme Kerviel, mais selon le JDD cette version est contredite par une expertise technique montrant que David Koubbi a reçu la bande-sonore le jour-même de sa captation. Après des années de feuilleton judiciaire, la cour d'appel de Versailles a condamné en septembre 2016 Jérôme Kerviel à verser un million d'euros de dommages et intérêts à son ancien employeur, bien loin des 4,9 milliards d'euros de sa première condamnation en 2010, quand il avait aussi écopé de 5 ans de prison, dont deux avec sursis. L'enregistrement avait été produit lors de l'audience à Versailles.