Cent trente patients atteints de la maladie de Lyme, transmise par les morsures de tiques, vont assigner en responsabilité civile deux laboratoires auxquels ils reprochent de commercialiser des tests qui n'ont pas permis de les diagnostiquer, a-t-on appris vendredi auprès d'un de leurs avocats.
"Élisa", un test vivement contesté. "Les assignations en indemnisation devant les tribunaux de grande instance (TGI) de Paris et de Nanterre devraient être délivrées mardi", a indiqué Me Julien Fouray. Elles visent le laboratoire français BioMérieux et la société de biotechnologies italienne DiaSorin, qui commercialisent le test incriminé, "Élisa", le seul actuellement autorisé en France pour détecter la borrélia de Lyme, la bactérie transmise par la tique. Ce test est vivement contesté par une partie des malades qui lui reprochent son inefficacité pour détecter une maladie qui a touché 33.000 personnes en France en 2015, selon les dernières estimations de l'agence Santé publique France.
"Une action regroupée". Les 130 patients, regroupés au sein du "Lymaction", "entendent dénoncer l'absence de fiabilité des tests diagnostiques commercialisés depuis trop d'années" souligne l'avocat. Il précise qu'il a, avec sa consœur Me Catherine Faivre, décidé de mener "une action regroupée" et non une "action de groupe", possible depuis la parution d'un décret en septembre, mais qui "nous est fermée car soumise à des conditions très restrictives".
Un "plan national" annoncé fin septembre. Basés sur un prélèvement sanguin, les tests de type "Élisa" résultent d'un consensus de soins établi par les autorités sanitaires en 2006, sur la base de directives américaines valables pour des souches américaines transmises par les tiques. Le gouvernement vient toutefois de reconnaître la nécessité de développer de nouveaux tests de diagnostic, dans un "plan national" annoncé fin septembre pour améliorer la prise en charge de cette maladie.
Une maladie difficile à identifier. Elle se guérit facilement lorsqu'elle est prise tôt mais est difficile à identifier dans ses formes tardives car ses symptômes peuvent être nombreux et ne sont pas spécifiques (maux de tête, nausées, douleurs articulaires, problèmes neurologiques...). Les pathologies constatées chez les plaignants peuvent, selon les avocats, aller jusqu'à la paralysie totale.
D'autres actions à venir. Selon Me Fouray, des actions en responsabilité civile devraient à l'avenir être introduites contre d'autres laboratoires ayant produit le test "Élisa", en particulier devant le TGI de Strasbourg. "Au-delà des laboratoires, ce sont les autorités sanitaires, l'État et la ministre de la Santé à titre personnel qui devront également être placés face à leurs responsabilités", indiquent les deux avocats dans un communiqué. Ils annoncent une conférence de presse avec les plaignants mardi à Paris. Selon Me Fouray, le "Lymaction" regroupe aujourd'hui environ 500 plaignants.