Entre 3.800 personnes selon la police - et 5.000 selon les organisateurs - se sont rassemblés dimanche à Lannion (Côtes d'Armor) pour protester contre l'extraction de sable coquillier dans la baie. L'opération a commencé dans la nuit de mardi à mercredi, au lendemain d'une décision de justice rejetant un recours engagé par des opposants. Lundi, le tribunal administratif de Rennes a rejeté le recours déposé par plusieurs communes de la baie et une association environnementale pour demander la suspension des arrêtés autorisant cette extraction.
"Des méthodes de voyous". L'opération, commencée en pleine nuit par la Compagnie armoricaine de navigation (CAN), filiale du groupe Rouiller, a provoqué la colère des opposants, dont les pêcheurs, inquiets de ses conséquences. "Non au pillage, Dune à défendre", "Ne restez pas la tête dans le sable, sauvez-le", pouvait-on lire dimanche sur des pancartes brandies par les manifestants. "Le fait de commencer en pleine nuit, ce sont des méthodes de voyous", a lancé dimanche Yves-Marie Le Lay, président de "Sauvegarde du Trégor", qui avait appelé les manifestants à se munir "de tout instrument sonore pour organiser le plus grand tapage du Trégor".
L'appel d'Yves-Marie Le Lay a été suivi et pendant quelques minutes, un concert de casseroles a retenti dans le centre de Lannion. Des élus locaux étaient présents, à l'image de Joël Le Jeune, président de l'agglomération Lannion Trégor. Il rencontrera la ministre Ségolène Royal lundi à Paris, accompagné d'une délégation d'élus, a-t-il affirmé.
Alors qu'il avait donné son accord en 2015 au projet d'extraction, l'ancien ministre de l'Economie Emmanuel Macron a critiqué la façon dont l'opération a débuté. "Il n'est résolument pas acceptable de commencer l'exploitation à la sauvette", a dit samedi l'ancien ministre de l'Economie. Sa position, a-t-il précisé, "était d'attendre, de suspendre le démarrage de l'extraction, d'ici la décision définitive du tribunal". Les opposants ont en effet décidé de faire appel de la décision du tribunal administratif de Rennes devant le Conseil d'Etat, un recours que la ministre de l'Environnement a décidé "d'appuyer", a-t-elle annoncé jeudi.
La zone d'extraction représente une superficie de 4 km2 environ. La concession est accordée pour une durée de 15 ans et le volume d'extraction ne pourra pas excéder 250.000 m3 par an.