À Evry, plusieurs centaines de policiers se sont rassemblés devant la préfecture de police, mardi soir, pour soutenir leurs collègues, sous le coup d'une enquête de l'IGPN. Ils avaient bravé l'interdiction de manifester qui incombe aux fonctionnaires de police. Un comportement "inacceptable" et contraire aux "obligations" des policiers aux yeux du directeur de la police nationale,Jean-Marc Falcone, qui tenait une réunion sur ces policiers à la préfecture de l'Essonne.
Un rassemblement spontané au départ. Dans la nuit de lundi à mardi, plusieurs centaines de policiers s'étaient rassemblés sur les Champs-Elysées. Ils entendaient dénoncer les violences dont ils ont récemment fait l'objet, notamment à Viry-Châtillon, dans l'Essonne, où quatre policiers ont été blessés au début du mois. Des rassemblements similaires ont eu lieu mardi soir, à Marseille, Nice ou encore Toulouse où ce policier affirme qu'il ne peut plus se taire. "Qu’est-ce qui va m’arriver ? Comment ça va se passer ? Est-ce que ça va bien se passer ? C'est ce que je me le dis tous les matins."
"Et la preuve, on la voit maintenant. Pour un oui ou pour un non, on va aller sur des missions qu’on faisait normalement avant et maintenant, il y a un petit truc qui va faire que ça va partir en 'live'. Et même nous, on ne va pas comprendre pourquoi c’est parti en 'live' à ce moment-là. Ils n’ont plus peur de rien, voilà pourquoi nous on n’est plus à l’abri de rien." Des rassemblements spontanés signe d'un mal-être qui n'ont pourtant pas été du goût de Jean-Marc Falcone qui s'est rendu dès mardi soir à Evry pour discuter du sort de ces policiers manifestants. Face à cette désapprobation de leur hiérarchie, les policiers organisent la résistance.
"On est nous-même fliqués". Sur la manche de leur blouson, ils portent leur brassard orange enroulé autour du bras quand les policiers se regroupent sous les fenêtres de la préfecture, certains cachent leurs visages. "On s'est organisés avec les réseaux sociaux et les messageries cryptées parce qu'on est nous-même fliqués", explique l'un des policiers présents. "On sait déjà qu'il y a eu des menaces de sanctions, des menaces de révocation, de blâmes. L'état-major de chaque département a regardé les GPS de chaque voiture en service pour savoir si des collègues allaient venir ici, à Evry, pour les sanctionner par la suite." La défiance s'installe entre les dirigeants et les policiers.
"Il a envoyé un commandant relever toutes les plaques d'immatriculation". Et celui qu'ils attendent, c'est leur patron, le directeur général de la police nationale, conspué par la foule. "C'est notre chef à tous, s'il s'était arrêté pour nous parler, on aurait bien apprécié mais de partir comme un voleur comme ça, on le prend un peu mal. Tout à l'heure, il a envoyé un commandant relever toutes les plaques d'immatriculation des véhicules, pour savoir qui était présent sur le temps de service."
"Aujourd'hui il joue sur le code de déontologie qui nous interdit de nous exprimer. C'est pour nous faire peur mais ça ne me fera pas reculer pour autant." Et alors qu'ils regardent la berline du directeur quitter les lieux, ces policiers se disent prêts à manifester encore, quitte à risquer une sanction. Une heure après ce rassemblement, Jean-Marc Falcone a appelé à l'apaisement.
Manifestation de policiers : "c'est pour nous...par Europe1fr