Invitée du Club de la presse, Caroline de Haas, militante féministe à l'initiative de la pétition contre la loi Travail, a réagi aux manifestations, jeudi, contre le projet de loi El Khomri.
Entre 170.000 personnes (selon les autorités) et 500.000 (selon la CGT) ont participé jeudi à des manifestations contre le projet de loi Travail. Des rassemblements émaillés de violents débordements. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a ainsi fait état de "24 policiers ou gendarmes blessés, dont 3 très grièvement à Paris", et demandé aux organisateurs de "condamner avec la même fermeté" que lui "ces débordements de la part de cette poignée de casseurs qui n'ont en partage que la violence".
"95%, voire 99% des personnes dans la rue étaient des personnes responsables". Caroline de Haas, militante féministe, à l’initiative de la pétition intitulée "Loi Travail, non merci !", faisait partie du cortège parisien. "95%, voire 99% des personnes qui étaient dans la rue étaient des personnes responsables, juste là pour exprimer un désaccord", assure-t-elle sur Europe 1. "J’ai vu des flics charger sur des manifestants avec leurs enfants, qui étaient juste là pour manifester. "La violence permet simplement de focaliser l’attention sur autre chose que sur le contenu du projet de loi. C’est pour cela que je suis très en colère contre les personnes qui provoquent, mais franchement, ils ne sont pas très nombreux."
"Mon bulletin de vote n'a manifestement servi à rien". En colère, Caroline de Haas l'est aussi et surtout contre la politique du gouvernement de François Hollande. "On explique que le problème vient des manifestations, alors que le problème vient du gouvernement, qui a mis en place un programme politique qui est à l’opposé de ce pourquoi il a été élu. En 2012, j’ai mis un bulletin de vote François Hollande dans l’urne, je me retrouve avec le programme de Nicolas Sarkozy", regrette-t-elle. "Qu’est-ce que je fais, puisque mon bulletin de vote n’a manifestement servi à rien ? Je manifeste."
Une plateforme pour interpeller les députés. Alors que le projet de loi sera examiné à partir du 3 mai à l'Assemblée nationale, la militante a notamment mis en place une plateforme, lobbycitoyen.fr, qui permet à chaque citoyen d’interpeller un député de sa circonscription sur la loi Travail. "On a commencé à appeler des permanences parlementaires, et on a eu un échange avec un collaborateur parlementaire qui nous a dit ‘le député est contre, mais il n’a pas le choix, il devra voter pour’. Ça en dit long sur la démocratie parlementaire", conclue-t-elle.