Des dizaines de milliers de personnes, jeunes pour la plupart, ont défilé samedi après-midi à Paris dans le cadre de la Marche annuelle des fiertés, pour "s'amuser" et "continuer le combat". Le défilé est parti sous un soleil de plomb de la place de la Concorde, pour rejoindre la place de la République, dans le centre de la capitale, avec en vedette les couleurs de l'arc-en-ciel, symbole des lesbiennes, gays, bi, trans et intersexes (LGBTI). Cette manifestation rassemble chaque année jusqu'à 500.000 personnes.
Repousser l’homophobie. "Vous n'avez pas le monopole de la famille", "Fermez le Vatican, Guantanamo mental", "Ni la Terre ni les femmes ne sont des conquêtes", "A genoux jamais plus !" : les pancartes multipliaient les slogans, tandis que les chars remontaient la rue de Rivoli. "On est ici pour s'amuser, mais il ne faut pas oublier la base : continuer à combattre pour nos droits", a déclaré à l'AFP David, 20 ans, venu de Toulouse avec deux amis pour le défilé. Il a déploré "l'homophobie banalisée" : les insultes lancées dans la rue ou les dégradations commises sur les passages piétons peints aux couleurs de l'arc-en-ciel, dans le quartier du Marais à Paris, a-t-il cité.
Un drapeau arc-en-ciel, qui pavoisait l'Assemblée nationale en l'honneur de la Marche des fiertés, a été déchiré en fin de soirée vendredi. Un individu, se revendiquant "militant d'extrême droite et anti-LGBT", a été rapidement arrêté par la garde républicaine, a indiqué la présidence de l'Assemblée. Beaucoup de participants au défilé arboraient ces couleurs : petit drapeau accroché à un sac, dessin sur les joues, couronnes de fleurs, bretelles, jupe de tulle ou vaste morceau d'étoffe dans laquelle les manifestants étaient drapés.
Continuer la lutte pour les droits. Quatre jeunes filles de 15 ans étaient venues, pour la première fois, afin de soutenir "une cause qui nous tient à cœur", a indiqué Audrey, qui a aussi déploré les inégalités au sein des homosexuels, entre gays et lesbiennes par exemple. "On parle beaucoup moins des femmes" homosexuelles, selon elle. "Le mariage pour tous, c'était énorme, mais il faut continuer", a déclaré la jeune fille, qui a regretté des réflexions homophobes entendues chez les jeunes de son âge, "même sous la forme de 'plaisanteries'".
Selon une étude de l'Ifop présentée mercredi, plus de la moitié (53%) des personnes se définissant comme homosexuelle, bisexuelle ou transgenre ont déjà été victimes d'une agression homophobe. Parmi les faits répertoriés : insultes (28%), attouchements ou gestes à caractère sexuel (24%), menaces de révéler l'orientation sexuelle à des proches, collègues ou voisins (18%), ou viol (11%). Peu des participants interrogés par l'AFP évoquaient le thème de cette année, l'homophobie dans le sport.