"Je pense que s'en prendre symboliquement à des femmes qui manifestent pacifiquement en chantant dans la rue, c'est grave pour un pays démocratique", dénonce Laura du collectif "On arrête toutes". Comme des milliers de militantes et militants, elle défile dimanche, Journée internationale des droits des femmes célébré par des marches dans toute la France.
À Paris, le cortège s'est élancé à 14 heures depuis la place d'Italie et ce, alors qu'un rassemblement, hier soir, a été marqué par des violences. Des heurts ont en effet éclaté entre la police et les milliers de femmes qui étaient réunies dans le XIXe arrondissement et qui accusent les forces de l'ordre de les avoir nassées et d'avoir utilisé du gaz lacrymogène. "En plus hier, c'était une marche non-mixte volontairement pour attirer l'attention et reprendre le pouvoir dans la rue. Je pense donc que c'est problématique qu'on réprime avec cette violence-là ce genre de mouvement", commente Laura.
Après cet événement, la secrétaire d'Etat à l'égalité femmes hommes, Marlène Schiappa, a réagi sur Twitter déclarant que "toutes les femmes doivent pouvoir manifester pacifiquement pour faire respecter leurs droits". Elle a également indiqué que le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a demandé un rapport à la Préfecture de Police.
Toutes les femmes doivent pouvoir manifester pacifiquement pour faire respecter leurs droits !
— MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) March 8, 2020
Le ministre @CCastaner a demandé un rapport à la Préfecture de Police sur ce qui s’est passé en marge de la #marcheféministe
"Il y a vraiment une colère, une rage"
L'un des principaux mots d'ordre de ce 8 mars est bien évidemment la lutte contre les violences sexistes et sexuelles d'autant plus que la manifestation intervient une semaine après la cérémonie des César qui a récompensé Roman Polanski. "Ça galvanise énormément. Moi, j'étais au rassemblement comme des tas d'autres féministes le soir des César. Il y a eu une colère et une rage, notamment dès qu'on a appris la confirmation qu'il y aurait un prix pour lui. C'est un élément qui fait, je pense, qu'il y aura beaucoup de monde, car il y a vraiment une colère, une rage. Et on entend aussi des femmes qui disent : 'Moi, je ne suis jamais venue un huit mars, mais là je viens'", se réjouit l'une des organisatrices de cette marche où, sans surprise, on peut lire sur de nombreuses pancartes le désormais célèbre "on se lève et on se casse" de Virginie Despentes.
Le défilé parisien doit rejoindre la place de la République, via plusieurs étapes symboliques. Sont notamment prévus un jeter de gants de ménage, des manifestations devant un hôpital pour la "revalorisation des métiers féminisés" ou devant un hôtel Ibis pour soutenir des femmes de ménage en lutte contre la précarité et les temps partiels. Mais aussi un "die in" pour symboliser les victimes de féminicides et une chorégraphie géante anti-réforme des retraites.