Salle de musculation, gymnase, cellules "plus ergonomiques", salon de coiffure : près de 600 détenus hommes disent adieu dimanche aux bâtiments décrépis et vétustes des Baumettes historiques, pour être transférés sous bonne escorte dans la nouvelle prison voisine des Baumettes II.
Près de 700 détenus vont déménager. Si le transfert des hommes a lieu dimanche, celui d'une centaine de femmes s'effectuera lundi, a précisé l'administration pénitentiaire. Au total, près de 700 détenus vont rejoindre cette nouvelle prison sécurisée, aux murs jaune, bleu, gris ou blanc, aux nombreuses portes de sécurité, où les bâtiments sont séparés par des allées fleuries de pétunias, gauras roses ou marguerites. Construite à la place de bâtiments annexes, le nouvel établissement est situé à proximité immédiate de l'ancien.
Un ancien bâtiment délabré. Avec ce premier transfert, qui doit être suivi d'autres dans l'année vers des établissements pénitentiaires d'Aix-en-Provence ou de Draguignan, le cauchemar des Baumettes touche progressivement à sa fin. Avec 1.620 hommes et 109 femmes détenus, pour une capacité respective de 1.153 et 67 places, les Baumettes étaient le plus important établissement pénitentiaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur.
En décembre 2012, le contrôleur général des prisons avait critiqué son état, dénonçant surpopulation, insalubrité, rats qui pullulent, douches cassées et crasseuses, et obligeant les autorités à lancer un plan. Ce bâtiment des années 30, qui ne peut être rénové, sera détruit dans un an pour laisser s'ériger à sa place un nouvel établissement, les Baumettes III, annoncé pour 2021.
Des conditions "dignes" et "satisfaisantes". Les Baumettes II offrent "des conditions d'hébergement qui sont dignes et satisfaisantes par rapport à ce que les détenus ont connu jusqu'à maintenant", souligne la directrice des deux établissements, Christelle Rotach. Les nouvelles cellules de 8,5 m2 - contre 9 m2 dans l'ancienne prison - sont équipées d'une télévision, d'une plaque de cuisson, d'un mini-frigo, de coffres-forts pour ranger les effets personnels et de douches individuelles.
"Toutes les cellules chez les hommes sont doublées, c'est-à-dire qu'elles ont deux lits" superposés, là où aux Baumettes historiques on en mettait trois, explique-t-elle. "Une partie des cellules sont également doublées chez les femmes", détaille la directrice, et "un quartier mineur de 10 places chez les filles ainsi qu'une nurserie de six places, pour accueillir les mamans et leurs bébés âgés jusqu'à 18 mois, des quartiers disciplinaire et isolement ont été créés".
Ce n'est pas un "quatre étoiles". Ce n'est pas pour autant "un 'quatre étoiles', à partir du moment où vous privez les détenus de liberté et les mettez derrière des barreaux", rappelle Philippe Peyron. "Ce n'est pas notre mission de mettre les gens dans des services luxueux (...), mais il faut qu'ils soient accueillis dans des conditions dignes de notre République", ajoute le directeur interrégional, convaincu qu'"on juge l'état d'avancement d'une société à sa façon de traiter ses exclus", dont les détenus.
Un travail allégé pour les surveillants. La nouvelle structure va également permettre d'améliorer le travail des surveillants pénitentiaires. "Un agent dans une coursive aura un maximum de 74 détenus à surveiller, contre 140 aux Baumettes", témoigne Ben, 43 ans, surveillant aux Baumettes depuis 18 ans. "Les douches dans les cellules, c'est énorme pour les surveillants parce qu'on n'aura pas à envoyer les détenus dans une douche : ça va réduire de 50% grosso modo le travail", estime-t-il.