Marseille : trois ans après le drame, les stigmates toujours présents de la rue d'Aubagne

Le haut de la rue d'Aubagne continue d'être habité par quelques Marseillais. © NICOLAS TUCAT / AFP
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Stéphane Burgatt, à Marseille , modifié à

Le 5 novembre 2018, huit personnes sont mortes dans l'effondrement de deux immeubles de la rue d'Aubagne, à Marseille. La ville commémore cette catastrophe, ce vendredi, alors que tout n'est pas encore résolu pour les personnes délogées depuis. Loin de là.

La ville de Marseille commémore ce vendredi matin le drame de la rue d'Aubagne, survenu le 5 novembre 2018. À l'époque, huit personnes avaient perdu la vie dans l'effondrement de deux immeubles vétustes de cette rue populaire de la cité méditerranéenne. Cette catastrophe avait mis au jour le problème de l'habitat insalubre dans la ville. De manière provisoire ou définitive, plusieurs milliers de Marseillais ont été délogés depuis cette tragédie.

"Une partie de ma vie s'est effondrée"

Et trois ans après, le haut de la rue d'Aubagne garde les stigmates de l'effondrement. Frédéric Tchalian habitait juste en face de ces immeubles. À l'approche de cette commémoration, de funestes souvenirs sont revenus. "J'ai ressenti comme une secousse. Les murs ont vibré, j'ai ouvert les volets de la cuisine et là, j'ai vu cette montagne de gravats", se rappelle-t-il. "Ce sont des images qui reviennent et qui me hantent toujours. On habitait là depuis 30 ans. J'ai quasiment tout fait ici. C'est une partie de ma vie qui s'est effondrée aussi ce jour-là."

Impossible, pour Frédéric Tchalian, de revenir vivre ici, même s'il en a l'autorisation. Aujourd'hui, il ne reste qu'une dent creuse à l'endroit du drame. Tout autour, on retrouve des bâtiments désertés, dont les locataires ne sont plus là. Il ne reste que quelques rares propriétaires occupants.

Le sentiment d'abandon des derniers occupants

Virginie fait partie de ceux-là. Elle vit un véritable cauchemar depuis trois ans : "J'étais à l'hôtel pendant une année", raconte cette enseignante. "C'est une bataille pour pouvoir réintégrer mon logement. On a fait des travaux dans des conditions terribles, sans eau, sans électricité, sans accès à la rue. On n'a toujours pas d'aide à ce jour. Moi, je suis toute seule ici. C'est une rue qui est désertée, squatté le soir. Il y a des jeunes qui hurlent et un petit trafic qui s'organise en bas."

La propriétaire a reçu une autre mauvaise nouvelle : son assurance habitation a résilié son contrat, elle se dit désespérée. À l'image d'un autre propriétaire occupant, qui a recouvert sa façade de banderoles, les tout derniers habitants du haut de la rue d'Aubagne ne cessent de crier leur sentiment d'abandon.