Marseille : un hôpital fermé à cause du trafic de drogue depuis un an, les soignants tirent la sonnette d'alarme

  • Copié
Stéphane Burgatt (à Marseille) / Crédit photo : MICHEL GANGNE / AFP , modifié à

À Marseille, les soignants sont chassés par les dealers. Depuis un an, un centre médical de proximité rattaché à l'hôpital Edouard-Toulouse, dans le centre-ville, est fermé à cause de trafiquants qui font la loi dans ce quartier. Les soignants ont été menacés de mort. Ils ne peuvent plus travailler et les patients, eux, n'ont plus accès aux soins.

Depuis près d'un an, les soignants d’un centre médico-psychologique de proximité de l’hôpital Édouard-Toulouse à Marseille ont été obligés de tirer le rideau à cause de la violence des dealers, avec notamment des menaces. Les médecins et les infirmières sont privés de cette structure de santé et de nombreux patients nécessitant des soins psychiatriques se retrouvent dans la nature.

"C'est très anxiogène"

Et les faits qui ont provoqué cette fermeture sont graves, rappelle Kader Benayed, syndicaliste Sud Santé. "Nombre d'individus étaient rentrés, cagoulés, armés et avaient menacé le personnel qui avait été suspecté d'avoir contacté la police. La République a fléchi face à ces délinquants. Ça ne peut pas être des zones de non-droit. La santé n'a pas de frontière. Nous, on doit être de partout", appuie-t-il.

11 mois plus tard, la situation sur place reste incompatible avec un retour des soignants. "Aujourd'hui, je vous défie d'y aller, ce n'est pas possible. C'est devenu la cour des miracles. Il y a des trafics de stupéfiants et c'est très anxiogène. Il y a des détritus avec des checkpoints, avec des vieux canapés et du monde autour. Il y a des feux à même le sol pour se réchauffer. Tout ça, c'est parce que la République, via toutes les institutions, a déserté", détaille le syndicaliste.

Du côté des patients, les conséquences sont réelles, s'alarme Anne-Lise, une des infirmières de la structure. "On a perdu de vue 10 % de nos patients qui venaient et qui ne viennent plus à cause de la distance. C'est grave puisqu'en plus, on ne peut pas aller les voir sur place. Le centre ne rouvrira pas. C'est de pire en pire, donc il vaut mieux ne pas y retourner", constate avec tristesse l'infirmière. La situation reste intolérable pour ces soignants qui ne savent pas où et quand ils pourront se réimplanter en centre-ville.