Le photojournaliste français Mathias Depardon, détenu pendant un mois en Turquie, a estimé, à son retour en France vendredi soir, qu'Ankara avait voulu adresser "un message assez fort" aux reporters souhaitant se rendre dans le sud-est du pays.
"Heureux d'être à Paris". Arrêté le 8 mai, le photographe, dont l'avion s'est posé peu après 22h00 à l'aéroport de Roissy, s'est dit "heureux d'être à Paris, d'être en France". "Je vais très bien", a-t-il assuré devant la presse, affichant un large sourire, mais l'air visiblement fatigué. Mathias Depardon s'était auparavant entretenu par téléphone avec le président de la République, Emmanuel Macron, qui avait annoncé son retour en France dans la soirée sur Twitter. Il a été accueilli par le directeur de cabinet de l'Elysée, Patrick Strzoda, et le conseiller diplomatique Philippe Etienne.
Je suis très heureux de vous annoncer le retour en France dès ce soir de notre compatriote photojournaliste @mathiasdepardon.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 9 juin 2017
Possibilité d'être légalement détenu jusqu'à un an. "J'ai été accusé, a dit le journaliste, de propagande terroriste et d'aide et soutien à des groupes terroristes, à savoir le PKK, (Parti des travailleurs du Kurdistan, séparatistes kurdes) suite à des images que j'avais faites ces dernières années, dont je ne cachais pas l'existence". "Ce qui est compliqué, c'est qu'on ne sait pas combien de temps on va rester en détention (...) Je savais que légalement je pouvais être détenu jusqu'à un an", a souligné Mathias Depardon, barbu et portant une veste en jean, précisant qu'il avait eu "très peu de contacts, voire aucun, avec les autres détenus". L'expulsion de Mathias Depardon survient au lendemain d'une visite de sa mère dans le centre de rétention de Gaziantep où il avait été transféré un mois auparavant.
De nombreux remerciements. "Je pense que l'idée était d'envoyer un message assez fort auprès des journalistes étrangers et turcs qui ont pour but de faire des sujets dans le sud-est de la Turquie", a-t-il dit. Emmanuel Macron avait demandé le 3 juin à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan le retour "le plus vite possible" dans son pays de Mathias Depardon, qui faisait l'objet d'un ordre d'expulsion depuis le 11 mai. Le photojournaliste a adressé de nombreux remerciements, citant notamment "l'Elysée, le président de la République, le Quai d'Orsay, l'ambassade de France en Turquie", ainsi que les confrères et tous les membres de son comité de soutien, et l'association Reporters sans frontières (RSF). Sa détention a suscité l'inquiétude des défenseurs de la liberté de la presse qui dénoncent une dégradation des conditions de travail des journalistes turcs et étrangers en Turquie.