Au volant de sa voiture vendredi midi, Mathieu Blavier, 22 ans, avale les kilomètres qui le séparent de Paris. Originaire de Miramas, il est le porte-parole des "gilets jaunes" dans les Bouches-du-Rhône. Comme ses homologues représentants du mouvement, il est attendu par Édouard Philippe pour une rencontre à Matignon, en tout début d'après-midi. Mais il ignore encore s'il s'y rendra.
Un dialogue retranscrit en direct ? "Tout dépendra de savoir si les conditions sont acceptées ou pas. On a demandé à ce que le dialogue soit retranscrit en direct. Jusqu'à présent, ce n'était pas la volonté du cabinet du Premier ministre, et c'est quelque chose que l'on ne comprend pas", a-t-il expliqué au micro d'Europe 1 vendredi midi.
"Obligés de se précipiter". Deux porte-parole des "gilets jaunes" ont d'ores et déjà annoncé leur intention de boycotter la réunion, jugeant notamment que lesdits représentants n'étaient pas élus, et donc pas légitimes à porter la voix du mouvement. "Nos collègues ont demandé à ce que le gouvernement reçoive une délégation plus légitime, avec des représentants de chaque département. Ça n'a pas été écouté. Nous, on est obligés de se précipiter", déplore ainsi Mathieu Blavier.
" Si le peuple est dans la rue, si les gens sont prêts à sacrifier leurs nuits, dans le froid, dehors, sur les blocages, c'est qu'on est vraiment arrivés à un point de saturation "
Un dialogue impossible ? Sur les réseaux sociaux, certains manifestants enjoignent les porte-parole à rester fermes face au locataire de Matignon, quitte à ne pas lui serrer la main. S'il devait s'y rendre, Mathieu Blavier assure qu'il serrerait bien la main d'Edouard Philippe, car "les 'gilets jaunes sont polis'". Fondamentalement, il considère qu'il "faudrait dialoguer avec le gouvernement". "Mais dans les conditions dans lesquelles cela a été proposé, non. Ce n'est pas viable", précise-t-il.
Le gouvernement "nous laisse crever de faim". Le porte-parole des "gilets jaunes" des Bouches-du-Rhône tient tout de même à adresser un message de colère au Premier ministre. "Ce qu'on va lui dire, c'est qu'on ne veut plus être entendus, on veut être écoutés. Là, on a l'impression que le gouvernement ne nous écoute pas, il nous laisse crever de faim. Il ne s'occupe pas de nos handicapés, il ne s'occupe pas de nos grands-parents. Il laisse le peuple dans la merde, et ce n'est pas normal", tonne-t-il. "Si le peuple est dans la rue, si les gens sont prêts à sacrifier leurs nuits, dans le froid, dehors, sur les blocages, c'est qu'on est vraiment arrivés à un point de saturation. Le gouvernement doit répondre en essayant de satisfaire au maximum son peuple."