Pendant deux mois, en 2016, Maxime n'a pas supporté de voir son enfant. Il était touché par le baby-blues du père, cette dépression qui intervient parfois après la naissance d'un bébé. Au micro d'Olivier Delacroix, sur Europe 1, il revient sur cette période difficile.
En 2016, Maxime, 29 ans, a vécu deux mois de baby-blues, cette dépression qui intervient parfois après la naissance d'un enfant. Alors qu'il attendait avec impatience de rencontrer son fils, il l'a pourtant rejeté pendant longtemps. Au micro d'Olivier Delacroix, sur Europe 1, il revient sur cette période de doutes et sur la façon dont il a réussi à aller de l'avant.
"La grossesse s'était très bien passée. Pendant neuf mois, j'étais très présent et je ressentais le besoin d'être auprès de ma compagne. Mais cela s'est compliqué lors du retour à la maison. J'étais perdu, je n'arrivais pas à trouver mes marques, je me suis même demandé si je n'avais pas fait une erreur.
Je suis passé du rêve au cauchemar d'un coup en un jour. J'avais idéalisé la situation. Je me disais que j'étais prêt, que j'avais envie de lui donner le meilleur mais je crois qu'à force de me mettre trop la pression, le jour où c'est arrivé, j'avais perdu pied et je n'avais plus du tout les moyens de faire face à ce qui m'arrivais.
"Je sentais intérieurement que je dégringolais"
J'ai eu peur de ne pas aimer cet enfant et qu'il ne m'aime pas aussi car chaque chose que j'entreprenais avec lui ne fonctionnait pas. Pendant deux mois, je n'avais aucune patience, je n'avais aucune émotion avec lui. C'était une sensation de rejet très difficile à vivre car je suis quelqu'un de très sensible.
Par exemple, lui donner le bain était une épreuve car il pleurait et je perdais confiance tout de suite et à chaque fois qu'il fallait recommencer, je restais sur un échec et je m'enfonçais au fur et à mesure. Je fuyais la maison dès que j'en avais l'occasion. Je sentais intérieurement que je dégringolais. Je me sentais coupable car quand ma compagne s'occupait de lui, ça se passait très bien.
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"J'en ai parlé avec ma compagne"
Je connaissais l'état du baby-blues mais j'étais loin d'imaginer que j'étais là dedans. Un jour, j'ai quand même fait une recherche sur Internet autour des symptômes que j'avais. Je suis tombé sur un forum sur lequel plein de papas parlaient de ça. J'en ai parlé avec ma compagne. Elle m'a beaucoup aidé. Elle m'a imposé de rester avec le bébé pour créer le lien. Elle est sortie quelques heures. J'ai eu très peur car je pensais que je ne savais pas m'en occuper. Cela s'est plus ou moins bien passé. Lorsque notre fils a eu 9 mois, ma compagne a repris le travail. J'ai été obligé d'assurer pleinement mon rôle, de 16 heures quand je le prenais à la crèche jusqu'au coucher, j'étais seul avec lui à devoir me débrouiller et à apprendre à être papa.
Quand j'ai commencé à aller mieux j'ai ouvert un compte Instagram pour partager la relation avec mon fils et pour montrer que l'on peut sortir de cette situation et passer de l'état de baby-blues à celui de papa qui s'occupe bien de son fils".
Le baby-blues, ça touche aussi les pères
On parle souvent du baby-blues de la mère. Pourtant, quatre pères sur dix seraient concernés par le blues parental. "Le baby-blues du côté du père se présente de plusieurs façons", détaille le psychologue Baptiste Fiche au micro d'Olivier Delacroix. Mais le plus souvent, il s'agit d'une situation de déception. "Le père peut vivre une forme de déception par rapport à l'enfant qui est arrivé. Un enfant se désire, s'imagine et le futur père se projette dans le fait d'être comblé. Mais une fois qu'il est confronté au petit bout qui pleure, dont il faut s'occuper et qui bouleverse toute sa vie, il se dit que ce n'est pas tellement l'enfant qu'il avait envie d'avoir", précise le spécialiste. Le père peut également ressentir une déception vis-à-vis du parent qu'il est. "Il a peur de ne pas trouver sa place, de se retrouver à côté de la plaque", précise Baptiste Fiche qui conseille, quel que soit le cas, d'en parler avec son entourage ou avec un psychologue.