La ministre des Outre-mer déplore un "durcissement" du mouvement de contestation et assure que l'île restera un département français.
La situation reste tendue sur place. La ministre des Outre-mer Annick Girardin a mis en garde lundi contre "des risques d'affrontements entre communautés" à Mayotte, où elle a déploré un "durcissement" du mouvement de contestation, précisant "ne pas savoir" si le gouvernement accorderait un statut extraterritorial à la maternité. "C'est inadmissible, on est dans un Etat de droit", a-t-elle déclaré sur Cnews, assurant que Mayotte, 101e département français, "le restera". Évoquant la pénurie de médicaments à l'hôpital, elle a jugé "utile de laisser passer tous les véhicules d'urgence, même si aujourd'hui encore le mouvement se durcit".
Statut personnel dérogatoire à la laïcité. Les manifestants sont "de moins en moins nombreux à tenir les barrages mais ça se durcit énormément", a-t-elle ajouté, en parlant de "ceux qui n'ont pas souhaité participer à la négociation, ceux qui n'ont pas souhaité échanger avec la ministre". Interrogée pour savoir s'il était vrai que "rien n'est possible sans l'accord de trois imams qui font prêter serment sur le Coran", elle a répondu: "Peut-être, mais moi je travaille avec des élus à côté de nous qui veulent reprendre leur terrain et affirmer leur soutien à la population". Dans ce département existe un statut personnel dérogatoire au code civil et à la laïcité, que peuvent choisir les musulmans, fortement majoritaires.
Statut de la maternité de Mayotte. Quant au statut d'extraterritorialité que le gouvernement songe appliquer à la maternité de Mayotte, la ministre a affirmé que cela faisait "partie des réponses pragmatiques qu'il faut réussir à apporter". "Je ne sais pas si nous y arriverons parce qu'on a un travail aujourd'hui sur ce cadre légal de cet hôpital extraterritorial". Mais "compte tenu des difficultés et du nombre de mamans qui viennent accoucher sur ce territoire, il faut apporter une réponse pragmatique: comment on permet aux mamans de venir accoucher à Mayotte sans que (les bébés soient, NDLR) systématiquement des Français", a-t-elle ajouté. Interrogée pour savoir si ce n'était pas une idée "loufoque", elle a affirmé qu'"il y a peut-être plein d'idées loufoques vu de Paris mais en attendant il y a des gens qui meurent sur les territoires, des femmes qui risquent leur vie". Le gouvernement préfère cette idée de statut extraterritorial à la suppression du droit du sol car, dans ce cas, "le temps qu'il y ait tous les débats nationaux on apportera(ait) pas la réponse à Mayotte", a-t-elle fait valoir.