Les surveillants en service lundi à la prison surpeuplée de Majicavo, unique centre de détention mahorais, théâtre samedi d'une mutinerie, ont exercé lundi leur droit de retrait, a indiqué le syndicat CGT pénitentiaire. "Tous les surveillants de jour de la prison de Majicavo - soit environ 60 personnes - exercent leur droit de retrait pour la deuxième journée consécutive", selon un communiqué de Saïd Gamba, représentant syndical de la CGT pénitentiaire.
Un agent pénitentiaire a été légèrement blessé samedi au cours d'une mutinerie dans cette prison, nécessitant l'intervention du GIGN, ont précisé l'Administration pénitentiaire et des sources syndicales. Pour les surveillants, "il est impossible de reprendre le travail dans ces conditions, alors que notre sécurité n'est pas assurée", a déploré Saïd Gamba. "Les locaux ont également été saccagés", des ordinateurs, des caméras de surveillance et même des systèmes d'automatisation des portes de la prison ont été cassés, a ajouté ce représentant syndical.
"Où met-on les personnes condamnées ?"
Ces incidents ont débuté vers 15h heure locale samedi, dans le quartier du centre de détention, au moment de la réintégration de la centaine de détenus présents dans la cour vers leurs cellules, "moment très sensible", a raconté Vincent Pardoux, secrétaire régional FO pour la Réunion et Mayotte. Des détenus s'en sont pris à un surveillant gradé, lui ont arraché des clés et son émetteur récepteur. Ce gradé, "blessé légèrement à l'avant-bras" et "très choqué", a pu se mettre à l'abri. "Mais un second surveillant a été pris en otage dans la cour de promenade", a détaillé de son côté l'Administration pénitentiaire dans un communiqué.
"La criminalité explose à Mayotte, on demande à la police d'arrêter, à la justice de juger, mais on oublie un maillon de la chaîne : où met-on les personnes condamnées ?", a souligné Saïd Gamba, qui demande à ce que la prison de Mayotte soit désengorgée le plus rapidement possible. La densité carcérale globale en France s'établit à 126,4%. Mais dans les maisons d'arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement et ceux condamnés à de courtes peines, elle atteint 151,6%. À Majicavo, elle avoisine les 177%.
Les détenus ont "pété un plomb"
Pour désengorger l'établissement de Majicavo, un projet de deuxième prison a été annoncé par le ministère de la Justice en 2022, mais aucun terrain n'a pour l'heure été retenu. Pour Saïd Gamba, les détenus ont "pété un plomb" samedi. "La colère monte. Ils sont les uns sur les autres, ils payent pour avoir la télé, mais la plupart des téléviseurs ne fonctionnent plus. Ils n'ont rien à faire et au moindre regard de travers, ils se tapent dessus. Il faut absolument désengorger cette prison", a-t-il alerté.