Le préfet de l'Isère a recadré mardi le maire EELV/FG de Grenoble, Eric Piolle, qui a remis la veille la médaille de la ville au défenseur des migrants Cédric Herrou, en se présentant lui-même comme "délinquant solidaire".
#DélinquantSolidaire. C'est un tweet publié en marge de la cérémonie qui a suscité l'ire de la préfecture, dans lequel Eric Piolle fait état d'un courrier adressé parallèlement au procureur de la République à Grenoble. "Je vous écris ce jour puisque la solidarité envers les exilé.e.s reste un délit. Forte de sa politique d'accueil et d'aide, la Ville de Grenoble enfreint l'article L 622-1 du CESEDA. Condamnez-moi. #migrants #3DeBriancon #DelinquantSolidaire", déclare l'élu dans ce tweet.
M. le Procureur de la République, je vous écris ce jour puisque la solidarité envers les éxilé.e.s reste un délit. Forte de sa politique d'accueil et d'aide, la Ville de Grenoble enfreint l'article L 622-1 du CESEDA. Condamnez-moi. #migrants#3DeBriancon#DelinquantSolidairepic.twitter.com/8HdBVnfzEr
— Éric Piolle (@EricPiolle) 28 mai 2018
Fier de remettre la médaille de la @VilledeGrenoble à @CedricHerrou et aux citoyens qui l'accompagnent pour la justice et la dignité. Par tradition, Grenoble sait que les diasporas sont une chance. Ensemble, soyons prêts à relever défis de l'avenir. #Migrantspic.twitter.com/5629DPyzRz
— Éric Piolle (@EricPiolle) 28 mai 2018
Condamnation du préfet. "Le préfet de l'Isère déplore des propos qui appellent à commettre des infractions ou des actes illégaux, alors même qu'ils sont tenus par un maire auquel les lois de la République confient des responsabilités d'officier de police judiciaire et la charge de faire respecter l'ordre public", répond le Préfet dans un communiqué. "Prôner l'illégalité ou cautionner des infractions pourtant condamnées par l'autorité judiciaire n'est pas une conduite anodine", ajoute-t-il.
Le maire demande l'abrogation du "délit de solidarité". L'agriculteur Cédric Herrou a été condamné en appel en août à quatre mois de prison avec sursis pour avoir aidé des migrants dans la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes). Le 22 avril, l'Assemblée nationale a voté l'assouplissement du délit de solidarité, exemptant désormais de sanctions les militants qui apporteraient des soins, un hébergement et de la nourriture aux migrants sans qu'il y ait de contrepartie lucrative.
Une évolution insuffisante pour le maire de Grenoble qui réclame, dans son courrier au procureur préalablement diffusé à la presse, l'abrogation du "délit de solidarité" et davantage de protection pour les aidants comme Cédric Herrou, mais aussi pour des municipalités comme la sienne dont les "actions collectives" pour accueillir les réfugiés, selon lui, leur font "courir un risque pénal".