Les négociations conventionnelles avec l'Assurance maladie avaient été rompues fin février, donnant lieu à un règlement arbitral controversé, avec une revalorisation du tarif des consultations de seulement 1,50 euro par rapport aux précédents tarifs datant de 2017.
Vendredi, l'ensemble des syndicats représentatifs ont lancé une grève reconductible pour réclamer "de vrais moyens pour la médecine libérale" et la réécriture d'une proposition de loi sur l'accès aux soins portée par Frédéric Valletoux, qu'ils jugent coercitive. Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau "a entendu" leurs revendications et souhaite aujourd'hui "repartir, redonner de l’énergie à cette négociation", a indiqué le ministère. Dans sa "lettre de cadrage" transmise mardi au directeur de l'Assurance maladie, il fixe des "priorités resserrées".
Pour lever les blocages, il promet que les projets de loi en cours d'examen au Parlement, à savoir le budget de la Sécu et la loi Valletoux, ne pourront pas empiéter sur la procédure conventionnelle, "qui doit être claire, respectueuse et apaisée".
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Le ministre "travaillera avec les parlementaires" pour "que ce périmètre soit respecté", et s'est déjà "rapproché" de Frédéric Valletoux pour "soit mieux expliquer" les articles critiqués, "soit travailler à une meilleure rédaction", a-t-on indiqué au ministère.
Quatre principaux objectifs
Aurélien Rousseau fixe quatre principaux "objectifs", dont un travail sur "l'attractivité de la médecine libérale". Ce défi "repose notamment sur la rémunération (...) qu'il faudra traiter sans détour", écrit-il, promettant aussi de travailler plus largement sur la "qualité de vie au travail". Il veut également renforcer "le rôle central du médecin traitant" et "la structuration de la médecine spécialisée", pour mieux répondre au vieillissement de la population et à la prévalence croissante des maladies chroniques.
Le ministre demande "d'ouvrir la discussion" sur de possibles "nouvelles formes de rémunération" complémentaires à l'acte. Des forfaits pourraient par exemple valoriser "la participation à des travaux de prévention et de dépistage" ou à la permanence des soins, selon le ministère.
Les partenaires doivent enfin trouver le moyen d'améliorer "la pertinence et la qualité des soins" et mieux maîtriser les dépenses de santé, notamment en médicaments et arrêts maladie. Le conseil de l'Union nationale des caisses d'assurance maladie (Uncam) doit encore examiner cette lettre et fixer des orientations. Le ministère espère pouvoir programmer une première réunion de négociations fin octobre.
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Dans un communiqué mardi, le premier syndicat des généralistes MG France "prend acte du signal positif envoyé par le ministre", et se réjouit d'un "réel changement d'orientation, qui recentre les objectifs de ces négociations sur le rôle et les moyens du médecin traitant".
Lundi soir, l'intersyndicale avait décidé de poursuivre la grève au moins jusqu'à la réception de la lettre. Elle doit à nouveau se réunir mardi soir pour décider de la suite du mouvement.