Le Covid, ils baignent dedans plus que n'importe qui. Avec la crise sanitaire, les journalistes se sont retrouvés en première ligne pour informer au mieux la population de l'avancée de la pandémie, recueillir les témoignages des uns, et encore aujourd'hui la colère des autres. Pourtant, alors que leur image avait déjà été considérablement écornée lors du mouvement des gilets jaunes, le Covid-19 a achevé de creuser le fossé entre la presse et une frange du public particulièrement sceptique à son égard.
Invité d'Europe 1, samedi, Emmanuel Poupard, premier secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ) est revenu sur les raisons de cette méfiance à l'égard des médias, et rappelé la teneur du travail effectué par les journalistes pour fournir des informations fiables, vérifiées et sourcées.
"Le journaliste est un artisan"
Chaque jour, le journaliste relaie les chiffres nationaux de la vaccination, du nombre de nouveaux cas de Covid-19, celui des hospitalisations, mais aussi ceux de la participation aux diverses manifestations. Mais alors que ces chiffres sont transmis par le gouvernement, le public le plus sceptique accuse à tout va les médias de se laisser manipuler par l'État, et de fournir de fausses informations. "C'est le job du journaliste d'aller chercher des informations, de les vérifier, les situer, les hiérarchiser, les mettre en forme et les situer dans leur contexte", rappelle Emmanuel Poupard. "Le journaliste est un artisan : fabriquer une fausse information, c'est facile. Vérifier une information, ça demande du temps, des moyens", poursuit-il. Or, développe le premier secrétaire général du SNJ, durant la pandémie, les journalistes ont été confrontés à des difficultés, des manques de moyens. Pour autant, estime-t-il, "on a réussi à faire une information de qualité, malgré ce contexte particulier."
Pourtant, la profession demeure sous le feu des critiques. Des critiques devenues monnaie courante depuis le mouvement des gilets jaunes, situe Emmanuel Poupard. Cependant, interroge-t-il, "les médias, ça veut dire quoi ? Ca veut tout dire et rien dire à la fois". En effet, s'explique le responsable du SNJ, "on peut considérer qu'il y a parfois des bons et des mauvais médias, mais on ne va pas mettre tout le monde dans le même sac, on ne peut pas généraliser ce genre de choses".
Une confiance qui se restaure, petit à petit
Déplorant que des journalistes aient de nouveau été pris à partie lors de manifestations contre le pass sanitaire, Emmanuel Poupard dit avoir du mal, avec le SNJ, à comprendre ce qui se passe. "Le journaliste n'est qu'un observateur, il n'est là que pour relayer les informations", rappelle-t-il. "Il y a une sorte de défiance un peu courante depuis ces dernières années contre les journalistes", déplore-t-il. "Même si une étude récente montre que la confiance se restaure petit à petit avec les journalistes et les canaux d'information.
Car oui, bonne nouvelle pour la profession, la confiance dans les médias augmente. C'est ce que révèle une étude publiée en juin dernier par Reuters Institute. Ce dernier nous apprend que 44% des plus de 92.000 répondants à travers le monde disent faire confiance aux informations, soit une hausse de 6% par rapport à 2020. En France, cette étude montre que les sondés font davantage confiance au Monde (57%), mais surtout aux journaux régionaux, particulièrement appréciés puisque 64% disent leur faire confiance. "Les journaux se sont mis en quatre pour donner une information de qualité", défend Emmanuel Poupard, qui justifie cette proximité du public avec la presse régionale par le fait que ces journalistes passent le plus clair de leur temps sur le terrain. "Les gens les connaissent très bien, donc la presse quotidienne régionale est une source d'information extrêmement fiable", poursuit-il.