L'Académie nationale de médecine a déploré vendredi que quelque deux tiers des médicaments se voient potentiellement apposer le pictogramme "danger" ou "interdit" pour les femmes enceintes, ce qui selon elle provoque "une vague d'inquiétude infondée".
Des pictogrammes de "danger". Depuis mi-octobre, la réglementation oblige à apposer sur l'emballage, s'il y a un risque de toxicité pour le fœtus, la mention "danger" avec la silhouette d'une femme enceinte dans un triangle rouge, ou "interdit" avec cette silhouette barrée de rouge. Le décret laisse aux industriels une vaste marge d'interprétation pour décider d'apposer ou non ces pictogrammes.
"Diluer l'objectif initial". Au moment de faire le bilan, l'Académie nationale de médecine salue "une intention louable", mais critique "des effets préjudiciables". "Ce sont 60 à 70% des spécialités qui pourraient être concernées [par les pictogrammes] au lieu de 10%" avec la réglementation antérieure, a-t-elle souligné dans un communiqué.
Selon elle, cette démultiplication des pictogrammes "ne permettra pas de claire distinction entre les niveaux de risque des substances et diluera l'objectif initial". Et pire, certaines femmes enceintes "pourraient préférer s'abstenir de tout traitement, même indispensable".
Privilégier le pictogramme "interdit". L'instance scientifique a appelé le gouvernement à revoir le décret, signé en avril par l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve. "Seules les substances ayant fait la preuve de leur effet délétère pour la grossesse humaine devraient être visées par une action de communication de cette nature, avec apposition d'un pictogramme 'Interdit'. Pour les autres substances, aucun pictogramme ne devrait être apposé", a-t-elle recommandé.
"Des échanges entre prescripteurs, pharmaciens et patientes sur la base des informations médicales disponibles et de la notice des conditionnements devraient suffire, évitant de surcroît des effets d'alerte inutiles et contre-productifs", a expliqué l'Académie.